Monsieur le ministre des finances, il y a un peu plus de quinze ans, la gauche rassemblée portait la voix d’une taxe sur les transactions financières, s’appuyant sur les travaux de James Tobin, à l’origine d’un formidable mouvement citoyen pour un autre partage des richesses.
Le double objectif de cette taxe était, et demeure, de soutenir les pays en développement et de réguler un monde financier complètement fou. Cette volonté commune de dizaines d’ONG, de l’association ATTAC, des partis politiques progressistes en Europe et des forces syndicales s’est heurtée à des pratiques détestables et mortifères de la part des banques et des établissements financiers.
La réalité, c’est que la finance, loin d’avoir été mise au pas, continue ses pratiques délétères, où paradis fiscaux et produits dérivés sont encouragés, au détriment de l’économie réelle. Il est vrai que la nomination du chef des voleurs dans l’affaire Luxleaks à la tête de la Commission européenne conforte les apprentis sorciers, qui sont à l’origine de la crise, dans l’idée que tout est permis.
Aujourd’hui, le courage serait de s’attaquer vraiment à cet « ennemi sans visage ». Une véritable taxe sur les transactions financières, étendue à tous les produits dérivés, et une séparation effective des banques sont deux outils indispensables pour y parvenir. De toutes parts – ONG, médias, négociateurs des autres pays –, il nous revient que la France est aujourd’hui l’un des plus grands freins à la régulation et à la mise en oeuvre d’une taxe sur les transactions financières ambitieuse et efficace. Une étude a pourtant montré qu’elle pourrait rapporter à la seule France entre 10 et 24 milliards d’euros par an.
Monsieur le ministre, ce n’est pas la gauche grecque qui menace l’Europe et son système financier. C’est le système capitaliste financier européen et ses pratiques irresponsables qui menacent aujourd’hui les peuples. Allez-vous enfin cesser de décourager nos partenaires européens, engager la France pour porter auprès d’eux la mise en oeuvre d’une véritable taxation des transactions financières incluant tous les produits dérivés, et lever les freins à une véritable séparation bancaire ?