Intervention de François de Mazières

Réunion du 17 décembre 2014 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Mazières :

Je m'associe également aux félicitations de mes collègues. Quand je présidais la Cité de l'architecture et du patrimoine, j'ai dû faire face au mauvais état de ses réserves. En raison de la crise, nombre de locaux, équipés de la climatisation, étaient pourtant disponibles autour de Paris. Une location serait revenue à 500 000 euros par an. Aussi ai-je proposé à la tutelle de souscrire un emprunt qui aurait permis de trouver rapidement des locaux sur le marché. Je ne l'ai pas obtenu, au motif qu'un établissement public culturel ne peut emprunter. L'investissement aurait pourtant été rapidement rentabilisé et les économies sur le budget de fonctionnement auraient été substantielles. Sans doute faut-il réfléchir à faire évoluer notre législation sur cette question.

Quant à la mutualisation, elle trouve ses limites dans la forte spécificité des collections : les conditions de conservation ne sont pas les mêmes pour des peintures ou pour des moulages. Mais ces limites sont également humaines : les conservateurs ne s'occupent pas que des objets exposés, ils travaillent aussi sur ceux figurant dans les réserves. Pour les conservateurs du musée du Louvre, c'est une hérésie d'imaginer qu'on puisse installer les réserves si loin du musée. La Cité de l'architecture et du patrimoine ayant un temps été associée au projet, j'ai assisté aux innombrables réunions où il fut discuté, et je sais que les palinodies en ce domaine ont déjà coûté une fortune. Votre proposition n° 19 me semble plus prometteuse. Mais l'open data – une autre forme de mutualisation – permettrait non seulement aux spécialistes, mais aussi au grand public, de mieux connaître l'ensemble des oeuvres qui sont déposées dans les musées.

Enfin, dans la suite logique de votre proposition n° 25, je pense qu'il faut intégrer le coût des réserves non seulement dans l'investissement, mais aussi dans le budget de fonctionnement des musées. Les superbes réserves du musée du Quai Branly ont coûté une fortune et font, avec celles du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM), figure d'exception dans le paysage des réserves françaises, jusqu'à susciter quelques jalousies. Alors que la tutelle formule tant de demandes, elle devrait aussi exiger l'intégration du coût des réserves dans le budget de fonctionnement des établissements.

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