Certes, l'éloignement des réserves pose un problème aux conservateurs, et nous avons entendu leurs récriminations, mais où doit-on mettre ce qu'il est plus possible de stocker en place ? On ne peut éliminer complètement la possibilité de séparer les réserves des lieux d'exposition. Mieux vaut réfléchir à une organisation du travail tenant compte des modalités pratiques et des temps de déplacement de personnels.
La mutualisation des réserves n'est pas toujours possible, les conditions de conservation n'étant pas les mêmes pour tous les objets. Mais les solutions retenues à Marseille doivent attirer notre attention. Les objets sont regroupés, non selon le musée d'origine, mais selon les conditions de conservation nécessaires pour chaque type d'objets. La transversalité l'emporte alors sur le cloisonnement entre les structures : des contacts se nouent, allant même jusqu'à susciter des idées d'exposition. Les exemples de Tours et de Toulouse mériteraient également un examen plus approfondi.
Quant à l'inaliénabilité, je suis à titre personnel très réticent à sa suppression, mais nous avons vu que, dans les musées américains, les oeuvres vendues sont souvent redondantes dans les collections. Le produit de la vente peut conduire à enrichir ces dernières dans des domaines où elles sont plus faibles. La vente n'est donc pas effectuée dans une logique purement mercantile mais inscrite dans un véritable projet pour les collections. Cinquante ans de désintérêt peuvent-ils justifier l'aliénation ? À l'heure où le court-termisme prévaut en tous domaines, cette durée me semble cependant trop courte. Elle n'aurait pas suffi à préserver la possibilité d'un retour des peintres pompiers dans les salles d'exposition. Il faut donc être très prudent, et continuer de « questionner le questionnement » comme une invitation à réfléchir.