Intervention de Marie-George Buffet

Séance en hémicycle du 14 janvier 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Aides à la presse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Ma question s’adresse à M. le Premier ministre.

« Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom », écrivait Paul Éluard. Dans toute la France, des millions de femmes et d’hommes ont aussi écrit son nom : liberté. Cette liberté, par et pour laquelle notre République s’est construite, cette liberté dont la liberté d’expression est une clé fondamentale, a été martyrisée, mercredi dernier, à Charlie Hebdo, mais elle n’a pas dit son dernier mot. Aujourd’hui, Charlie Hebdo est dans les kiosques de France et du monde. De ce magnifique acte de résistance la représentation nationale doit être garante. Charlie doit paraître mercredi prochain, et tous les mercredis qui suivront. Charlie ne peut s’arrêter faute de moyens.

Le drame que notre nation vient de vivre nous rappelle, en effet, que la liberté de chacun et de chacune dépend pour une grande part d’une presse pluraliste. Et le pluralisme repose sur le travail des journalistes, dont la nation doit assurer la protection et le secret des sources.

Monsieur le Premier ministre, une loi sur la presse est actuellement en débat. Ce serait l’honneur de notre Parlement d’en élever l’ambition et la portée. À la Libération, nos aînés, conscients de l’enjeu, avaient légiféré pour libérer la presse de la pression du marché. Les principes de solidarité et de coopération au service du bien commun et de la démocratie, fondés par cette loi, sont toujours d’actualité. Il y a urgence à agir. De nombreux titres de presse sont aujourd’hui en danger. Cela appelle des réponses d’ampleur. Car un journal qui disparaît, c’est le débat d’idées qui s’appauvrit. Charb nous le rappelait, en nous proposant un amendement sur les moyens attribués à la presse d’opinion. Alors, monsieur le Premier ministre, cet amendement, va-t-on le transcrire dans la loi ? Cela serait un geste fort pour que le pluralisme perdure et que de nouveaux journaux porteurs de confrontations d’idées voient demain le jour.

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