Dans un souci de compétitivité, il devient vital pour les PME et TPE françaises d’adapter au numérique leurs modèles économiques, leurs stratégies, leurs process et leurs organisations, car le numérique change bien évidemment la relation avec le client, la structuration de la concurrence et la temporalité de la décision.
De mon point de vue, c’est en grande partie la vitesse de diffusion de ces technologies parmi les acteurs économiques qui déterminera quels États et quelles entreprises s’octroieront la plus large part des bénéfices tirés de la transformation numérique. Ce point est pour moi essentiel. Tout est ensuite question de méthode et de calendrier.
L’État, évidemment, est responsable : il doit jouer un rôle de soutien fort. Il me paraît prioritaire d’investir massivement dans les filières d’avenir – cloud, Big Data, réalité augmentée, économie du partage – dans lesquelles la France est, pour le moment, bien voire très bien positionnée.
Il faut s’en donner les moyens en permettant par exemple, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, une déclinaison plus pratique des plans stratégiques de l’État dans les territoires. La commande publique a, de son côté, un rôle crucial à jouer pour accompagner le développement des acteurs de l’innovation de rupture. Ce point est également essentiel : comment intégrer l’innovation de rupture dans la commande publique ?
Soutenir ces filières impliquera également de mettre en place de nouveaux modèles de financement au service de l’innovation. Ils nécessiteront sans doute, pour certains, des phases d’expérimentation dans lesquelles les écosystèmes solides dont nous disposons dans les territoires auront un rôle clé à jouer.
Faciliter et encourager l’innovation passera aussi par une réflexion approfondie sur les outils de propriété intellectuelle et industrielle à la disposition des entreprises, à l’heure où l’innovation ouverte rebat les cartes pour apporter une réponse pertinente à des cycles d’innovation qui ne cessent de se raccourcir.
Notre action doit être nationale mais aussi européenne afin d’initier une politique industrielle communautaire concertée. Nous devons en même temps être des acteurs majeurs auprès de l’OCDE à propos des sujets cruciaux, la fiscalité en particulier.
La réussite de cette mutation dépendra aussi de notre capacité à adapter notre système de formation initiale et continue. Former aux nouveaux métiers du numérique aidera à saisir les opportunités d’emploi au cours des prochaines années, j’insiste souvent sur ce point. L’anticipation et l’adaptation des compétences des personnes actuellement salariées ou sans emploi constituent un point absolument essentiel. L’État, quant à lui, est concerné au premier chef par la révolution numérique et demeure parfois tributaire des silos hiérarchiques qui l’empêchent d’agir avec agilité et de muer pleinement vers sa modernisation.