Intervention de Florence Delaunay

Séance en hémicycle du 27 janvier 2015 à 9h30
Questions orales sans débat — Relance du gemmage en aquitaine

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFlorence Delaunay :

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. L’Europe consomme chaque année 308 000 tonnes de colophane, résidu solide obtenu après distillation de la térébenthine et utilisé dans la parfumerie, la papeterie, les cosmétiques, les adhésifs, les peintures, les laques, les vernis, le marquage routier et même les chewing-gums.

La récolte de la gemme a été définitivement arrêtée en France en 1990, pour cause de rentabilité insuffisante, au profit d’importations principalement venues de Chine, leader mondial de produits à base de résine de pins mais qui réduit sa production. Or, la demande mondiale s’accroît, à tel point que le prix de la tonne de colophane atteint aujourd’hui près de 3 000 dollars.

Les partisans de la relance de la récolte de la gemme en Aquitaine ont des arguments solides : la création d’emplois en nombre sur le massif des Landes de Gascogne, tant directs qu’indirects ; la sécurisation des approvisionnements des industries de la filière, actuellement dépendantes des pays émergents ; la réduction du déficit de la balance commerciale ; la garantie d’une présence en forêt, synonyme de prévention des incendies et des vols ou dégradations ; l’éventuelle rémunération des sylviculteurs pendant la période de culture des pins.

Néanmoins, et pour vaincre le problème de la rentabilité auquel les acteurs sont très attentifs, il convient d’étudier les conditions de l’industrialisation du gemmage. Concernant les conditions de travail tout d’abord, la récolte de la gemme est un travail pénible, dans un milieu souvent difficile. C’est un métier qui doit être appris, au moyen d’un apprentissage. La récolte étant limitée dans l’année, les gemmeurs doivent pouvoir trouver une activité au sein de la filière en dehors de la récolte en forêt.

Ensuite, s’agissant de la qualité de la récolte, des expériences sont menées en Aquitaine pour tester de nouveaux outils permettant de récolter sans nuire aux arbres et en privilégiant la qualité de la résine. Enfin, concernant la recherche et développement, le changement climatique provoque des effets sur la culture des pins ainsi que sur la qualité du bois. Les techniques de gemmage doivent faire l’objet d’études pour en continuer l’amélioration : la gemme récoltée actuellement en expérimentation ne contient aucun déchet, ce qui pose la question d’une certification de qualité de la résine.

Le massif des Landes de Gascogne est dynamique. Des chercheurs sont présents en Aquitaine, au sein du pôle de compétitivité Xylofutur, de l’INRA, présent à Cestas, ou encore de l’ONF, gestionnaire de la forêt. L’association « Gemme la forêt d’Aquitaine », créée pour la relance de la récolte de la gemme et présidée par M. Alain Delmas, vice-président du Conseil économique social et environnemental, regroupe une diversité d’acteurs de la filière bois : entreprises, associations, industriels, sylviculteurs, syndicalistes, représentants de l’État et des collectivités territoriales, anciens gemmeurs résolument tournés vers l’avenir.

Pouvez-vous m’indiquer, monsieur le secrétaire d’État, comment l’on peut envisager l’industrialisation du gemmage et son insertion dans la filière bois-forêt ?

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