Monsieur le président, le groupe écologiste s’associe à l’hommage rendu aux neuf soldats français morts hier en Espagne.
Monsieur le Premier ministre, sur le monument à la mémoire des victimes du camp de concentration d’Auschwitz, on lit ces mots : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. » Il nous faut lancer aujourd’hui tous ensemble un avertissement, car l’antisémitisme est là, multiforme.
Il se traduit par des mots blessants, prononcés dans nos rues, les cours de nos écoles, sur les réseaux sociaux. Il conduit à des actes insupportables contre des lieux de culte et à des agressions contre des personnes. À Toulouse en 2012, à Paris voilà trois semaines, l’antisémitisme a tué.
L’antisémitisme, ce sont toujours les vieux préjugés religieux, les vieilles haines sociales ressassées, la vieille technique du bouc émissaire, la vieille vision paranoïaque du complot. Mais c’est aussi, et cela est nouveau, le fruit d’un conflit territorial, un conflit que certains tentent d’importer dans les têtes pour mieux développer une entreprise politique qui n’est qu’une forme nouvelle de fascisme habillé d’intégrisme religieux.
Ces formes d’antisémitisme sont différentes, mais comme toutes les formes de rejet de l’autre, elles ont les mêmes alliés : l’oubli et la banalisation. L’oubli, c’est le risque de voir nos enfants, une fois les survivants des camps disparus, ne plus se sentir porteurs de la mémoire de la Shoah. La banalisation, c’est la négation du caractère singulier – par la profondeur de ses racines idéologiques, la méticulosité de sa planification et la monstruosité de son exécution – du génocide nazi. Oubli et banalisation pourraient finalement tenir en un seul mot : l’ignorance.
Comment pouvons-nous ensemble, monsieur le Premier ministre, combattre cette ignorance qui avilit, cette ignorance qui tue ?