Je crains que prendre la parole après ce moment de poésie, de spontanéité, mais aussi de réalité que nous a offert M. Lassalle ne soit un peu décalé… Je voulais néanmoins, à ce stade de nos débats, revenir sur ce sujet.
La question de la cohérence a été abordée par plusieurs orateurs, notamment par M. Poisson. Il y a bien, mesdames, messieurs les députés, une cohérence dans cette réforme. Si elle avait été réalisée avant, peut-être discuterions-nous aujourd’hui de l’étape d’après. Ce sont des petits pas, j’entends cet argument ; nous voudrions d’ailleurs faire beaucoup plus. Cela dit, somme toute, citez-moi le dernier ministre de l’intérieur qui ait fait beaucoup mieux ? Vous pouvez chercher : beaucoup l’ont tenté, et ont renoncé, à chaque fois pour de mauvaises raisons. Le débat que nous avons ce soir, en toute transparence, l’illustre suffisamment. Au regard de l’enjeu dont nous parlons, en effet, rien ne justifie qu’on n’aille pas assez loin.
Ce soir, mes chers collègues, nous parlons. Mais le mérite de Bernard Cazeneuve est d’avoir pris des décisions pour lancer cette réforme ; il a d’ailleurs dû essuyer un mouvement de grève au début de l’été dernier, ce qui l’a conduit à prendre de nouvelles mesures, à contrecarrer ce mouvement de grève, en prenant ses responsabilités.
On pourrait aller beaucoup plus loin, j’en conviens. Mais ce petit pas est le premier, et les nombreux prédécesseurs de M. Cazeneuve ne l’avaient pas fait. Il faut donc ici lui rendre grâce de ce premier effort, ainsi que de la réforme qui est ici défendue.
Par ailleurs, cela a été rappelé par MM. Fromantin et Le Roux, l’enjeu dépasse largement le texte que nous examinons aujourd’hui. Je crois d’ailleurs pouvoir dire que Bernard Cazeneuve, comme moi-même d’ailleurs, partage votre constat et votre volonté d’aller beaucoup plus loin. Nous n’allons pas nous mentir à cette heure tardive, mesdames, messieurs les députés, nous ne l’avons d’ailleurs pas fait depuis le début de l’examen de ce texte : nous voyons bien la réalité sociale et économique que vous décrivez, nous la reconnaissons, et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons commencé à bouger. Je veux tout de même corriger un point, monsieur Poisson : ni le ministre de l’intérieur ni le cabinet du Président de la République ne se sont engagés en faveur d’une loi relative aux auto-écoles. J’ai d’ailleurs eu à ce sujet M. le ministre de l’intérieur au téléphone.