Plus sérieusement, vous avez parlé de croissance insuffisante : il est sûr que si nous avions suivi la politique économique que vous aviez engagée, la croissance ne risquait pas d'être au rendez-vous. Mais vous avez pu observer que le taux de croissance du dernier trimestre est de 0,2 % ; gageons qu'avec les efforts engagés en matière de compétitivité et de réorientation de l'Europe vers la croissance, nous parviendrons à un taux de croissance de 0,8 %. En tout état de cause, la croissance ne s'attend pas mais elle se conquiert, et nous avons pris les décisions qu'il fallait pour l'obtenir – l'avenir nous dira qui avait raison.
Vous parlez aussi d'une avalanche d'impôts, mais vous savez parfaitement que ces impôts, nécessaires à la réduction des déficits, auraient été les mêmes si vous aviez été élus. La question est plutôt de savoir qui va payer pour cet effort de redressement. Sur ce point le choix du Gouvernement est parfaitement clair : il souhaite que les efforts soient justement répartis.
Or la justice, c'est de faire contribuer de manière identique tous les revenus, et ce PLFSS y contribue en alignant les cotisations des indépendants sur celles des salariés pour l'assurance maladie. La justice, c'est également de faire davantage contribuer ceux qui ont plus, ce que fait ce budget avec la taxe sur les salaires, qui touche les revenus supérieurs à 150 000 euros.
Je comprends, cela étant, que vous soyez opposés à ce budget, puisqu'il marque trois ruptures par rapport aux années précédentes.
La première est que le financement de la sécurité sociale ne repose plus essentiellement sur les patients, comme c'était le cas auparavant de manière injuste.
La deuxième tient au fait que ce budget engage, contrairement à ce que vous avez dit, des réformes de structure, notamment la réforme de la dépendance, avec les 600 millions d'euros versés au pot, qui permettront d'améliorer sa prise en charge, mais aussi la réforme de l'offre de soins, même s'il nous reste d'autres étapes à franchir.
La troisième rupture, enfin, est que ce budget reprend la marche du progrès : progrès pour les familles, avec l'augmentation de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire ; progrès pour la santé, avec 4,7 milliards d'euros supplémentaires intégrés dans l'ONDAM ; progrès pour les femmes, avec la prise en charge à 100 % de l'IVG, le remboursement de la contraception pour les mineures et l'extension du congé de paternité aux couples de femmes, voté ici même à l'unanimité en première lecture – et, je l'espère, en seconde lecture.
Pour toutes ces raisons, nous appelons à rejeter votre motion.