Certes, la réduction de la durée légale du travail à trente-cinq heures constitue toujours pour le patronat une source de regrets, mais elle n'est plus aujourd'hui pour lui le coeur du problème. Et s'il doit y avoir une évolution sur ce point, elle ne doit pas être négociée au niveau national, mais au niveau des branches ou, mieux encore, des entreprises, seules à même de connaître parfaitement leurs propres besoins.
Le vrai problème réside dans la durée effective du travail et plus précisément, parce que la situation n'est pas si dramatique que cela en ce qui concerne la durée effective hebdomadaire – pour les salariés, elle est de trente-neuf heures et demie, avec une productivité élevée –, dans le volume annuel d'heures effectivement travaillées, qui est inférieur de 260 heures à ce qu'il est en Allemagne. C'est là qu'une décision au niveau national pourrait être pertinente : celle qui consisterait à assouplir le régime des heures supplémentaires. Surtout, il serait bon de s'attaquer à cette spécificité française qu'est l'entrée trop tardive sur le marché du travail, suivie d'une sortie trop précoce. On touche dans notre pays son premier salaire entre vingt et vingt-cinq ans, en Allemagne souvent dès dix-sept ou dix-huit ans, grâce à l'apprentissage ; on reçoit ses derniers salaires en France entre cinquante-cinq et soixante-deux ans, en Allemagne entre soixante et soixante-sept ans. C'est donc bien sur le travail des jeunes et l'apprentissage d'une part, sur le travail des seniors d'autre part, que la réflexion doit porter en priorité. La question de la durée légale hebdomadaire n'est, au regard de cela, qu'une question assez politique.