Intervention de Pierre Gattaz

Réunion du 22 novembre 2012 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Pierre Gattaz, président du Groupe des fédérations industrielles, GFI :

La première urgence pour préserver l'emploi, c'est de s'attaquer au coût du travail : le choc de compétitivité redonnerait un peu d'oxygène aux entreprises et leur rendrait confiance, ce qui leur permettrait ensuite d'innover et d'améliorer la qualité de leurs produits, tous processus qui demandent plus de temps – de six mois à plusieurs années. L'intérêt du rapport Gallois tient certes à la qualité de ses propositions, mais aussi au fait qu'il a permis de parler de ces sujets dans un pays qui n'a pas une forte culture économique.

Compétitivité coûts, compétitivité hors coûts : nous devons ensuite constituer de nouvelles filières et prendre pied sur de nouveaux marchés. D'abord, comme les Allemands l'ont déjà compris, il faudra équiper les pays émergents : Chine, Inde, Russie, Amérique latine… Il y a donc un avenir pour nous ! En second lieu, de nouveaux besoins se font régulièrement jour dans nos propres sociétés – énergie, santé, mobilité, sécurité, développement durable, efficacité énergétique, chimie verte… Pour y répondre, il faut des infrastructures numériques très haut débit et des infrastructures électriques intelligentes, les smart grids. Ce sont là aussi des opportunités gigantesques ! Il faut donc arrêter de dire qu'on n'a pas besoin de réflexion à long terme, de plan, de conseil national ou de ministère de l'industrie. Je ne suis pas bolchevique, vous l'avez compris, mais j'estime que des décisions régaliennes importantes sont nécessaires. Les Coréens ont développé en trente ans dix filières superbes, les Chinois se sont dotés d'une machine de guerre terriblement efficace et aux États-Unis, l'adoption de la National Strategy for Homeland Security s'est soldée par un investissement annuel de 4 milliards de dollars en recherche et développement !

Mais ce n'est pas pour autant que les fonctionnaires de Bercy doivent tout décider : ce sont les entreprises qui savent ce qui est bon pour le pays. Il faut par conséquent rapprocher l'État, les entrepreneurs, les salariés, les chercheurs, et choisir cinq ou dix filières sur lesquelles nous pourrons prendre des positions fortes.

Enfin, il faut encore construire l'Europe.

Voilà de quoi donner un cap à notre pays, et de l'espoir aux Français !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion