Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 20 janvier 2015 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

C'est toujours une joie d'entendre notre ambassadeur s'exprimer avec autant de calme et de précision sur des dossiers aussi compliqués.

Sur la Palestine, je note que vous n'êtes cependant pas parvenu à réaliser tout ce qu'il fallait faire, en l'occurrence essayer de dissuader les Palestiniens de proposer une résolution qui conduirait à un échec. On se trouve ainsi devant une situation qui s'est radicalisée des deux côtés, avec une stratégie palestinienne tendant à faire condamner Israël à la CPI pour crimes de guerre ou contre l'humanité et cet État qui risque du coup de se braquer dans la position inverse. Quelles marges de manoeuvre avons-nous et comment allons-nous sortir de ce conflit ? Les chances de voir aboutir votre texte me paraissent assez faibles.

S'agissant des États arabo-musulmans, une des conséquences des événements ayant suivi la tragédie qui vient de nous frapper – et qui, à mes yeux, ne fait que commencer – est d'installer un divorce patent non seulement avec la communauté musulmane dans ce pays, mais aussi avec bon nombre d'États musulmans, comme le montrent les protestations exprimées dans certains de ces pays, y compris certains de ceux représentés lors de la manifestation du 11 janvier. Sentez-vous cette tension aussi à New York dans les délégations du monde arabo-musulman ?

Enfin, concernant la question clé du financement du terrorisme, au retour d'un voyage en Irak avec François Fillon à l'automne, nous avions demandé à Laurent Fabius qu'il saisisse la CPI pour qu'une enquête internationale soit diligentée pour savoir qui aide l'État islamique, qui fait passer les jihadistes et qui envoie de l'argent. Il ne s'est rien passé et je ne sais pas si la démarche a été faite, ni si la CPI donnerait droit à une demande de ce type. Pensez-vous que le Comité de lutte contre le terrorisme que vous avez évoqué serait un moyen possible pour mener une enquête internationale de ce genre, qui me paraît indispensable ? Voyez-vous un autre moyen d'action ? Daech n'est pas, comme le dit Laurent Fabius, qu'une « bande d'égorgeurs » : cela est bien plus grave et il est urgent de stopper les 1 000 jihadistes qui rejoignent chaque mois cette organisation et qu'on arrive à couper ses financements – qu'il s'agisse des exportations de pétrole par le biais de la Turquie ou des fondations arabes à la source de ces aides.

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