Monsieur Loncle, la France estime que Daech et Bachar sont les deux faces d'une même médaille, que le premier a été nourri par la politique du président syrien et que la seule ligne possible est donc de soutenir l'opposition modérée, la seule à incarner une alternative démocratique possible
Je crois comme vous qu'un vent de désengagement souffle aujourd'hui sur les États-Unis, même s'il faut garder une certaine prudence pour la suite car il n'est pas impossible qu'un futur président plus interventionniste puisse changer le cours des choses.
Face aux drames provoqués par Boko Haram, la France est en première ligne pour tenter de mobiliser la communauté internationale, comme on l'a vu avec la conférence de Paris en mai dernier. Ces efforts trouvent naturellement leur prolongement à New York.
Monsieur Poniatowski, la France est l'un des pays les plus engagés, y compris à New York, pour renforcer la priorité et les moyens consacrés à la lutte contre la culture de la drogue en Afghanistan. C'est l'un des principaux messages que porte notre pays sur ce dossier dans les enceintes onusiennes.
Quant à l'Iran, la baisse du prix du pétrole contribue incontestablement, avec les sanctions, à priver ce pays d'une partie de ses ressources et donc, peut-on espérer, à l'encourager à conclure un accord sur le nucléaire.
Sur la Centrafrique, nous faisons en sorte que le Conseil de sécurité demeure attentif à la situation du pays. On a le sentiment vu de New York que, si la situation y reste difficile, la transition politique est vraiment engagée derrière la présidente transitoire et que la force des Nations unies, la MINUSCA, s'est déployée dans des conditions satisfaisantes. Nos partenaires à l'ONU créditent la France, ses forces armées et sa diplomatie, d'avoir permis d'éviter un génocide et de rétablir un processus politique et de stabilisation piloté par les Nations Unies.
Monsieur Bui, s'agissant de la position des membres permanents du Conseil de sécurité sur l'initiative française d'encadrement de l'usage du veto, il faut distinguer entre les Britanniques – favorables -, les Américains – qui sont partagés - – et les Chinois et les Russes – auprès desquels, il ne faut pas s'en cacher, il reste un gros travail de conviction à réaliser. Mais nous avons derrière nous l'immense majorité de la communauté internationale.
Vous avez tout à fait raison, avec les autres pays émergents le Brésil sera un des acteurs clés sur le climat en vue de la COP21.
Monsieur Quentin, les chrétiens d'Orient constituent en effet une préoccupation qui s'exprime dans le cadre des Nations Unies, et sur laquelle, pour des raisons historiques et politiques, on se tourne assez spontanément vers nous.
Concernant l'élargissement du Conseil de sécurité, nous le soutenons pour les deux catégories de membres, permanents et non permanents. Nous appuyons en particulier les efforts du G4, groupe réunissant le Japon, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde, dans le cadre d'une réforme du Conseil préservant le droit de veto et la position de la France comme membre permanent.
Comme vous le soulignez, la résolution 2192 adoptée en décembre dernier a condamné l'utilisation d'armes lourdes par le régime syrien et les groupes d'opposition dans la zone d'observation des Nations Unies sur le Golan. Cette zone frontalière a vu ces derniers mois une progression des groupes d'opposition djihadistes, en particulier le Jahbat al-Nusra, au détriment de l'armée syrienne. Les casques bleus ont été conduits à évacuer l'essentiel de leurs positions pour se regrouper de manière temporaire du côté israélien de la frontière en raison des risques sécuritaires. Nous nous efforçons de préparer les Nations Unies à se redéployer dans la zone de séparation dès que les conditions de sécurité le permettront de manière à rétablir autant que possible la stabilité aux frontières sur le Golan.
L'onuscepticisme existe en effet et je l'ai particulièrement ressenti dans mon précédent poste à Washington. Mais pour nous Français, l'ONU est une organisation d'autant plus essentielle qu'elle correspond fondamentalement à nos intérêts, à nos valeurs, et que nous y disposons d'une influence sans équivalent par rapport aux autres organisations internationales.
Monsieur Myard, je considère l'Assemblée générale comme le « réacteur nucléaire » des Nations Unies, le lieu où se dessinent les grands mouvements de la communauté des Nations, un lieu où nous devons être omniprésents, peut-être plus encore que par le passé, sachant qu'il n'y a pas de petit combat et que toutes les questions qui y sont traitées méritent notre attention et notre engagement. Je suis donc favorable à ce que nous soyons davantage présents dans cette instance – j'en donne d'ailleurs tous les jours la consigne à mes équipes –, même si le renforcement des attributions de l'Assemblée générale est une autre question.
Monsieur Mariani, la résolution 2178 contient des éléments importants sur la lutte contre les combattants terroristes étrangers. Ce texte, négocié de haute lutte, nous permet au quotidien de faire valoir nos vues et d'encourager les États réticents à faire adopter des législations allant dans le même sens que la nôtre.
La Russie est en effet une des clés de la solution en Syrie. C'est la raison pour laquelle nous nous efforçons de rétablir des ponts avec ce pays là où nous le pouvons, notamment sur les volets humanitaire et chimique du dossier syrien – avec certains résultats sur ces deux fronts. C'est plus complexe sur le volet politique, pour lequel nous attendons les résultats des réunions de Moscou.
Monsieur Janquin, sur le conflit israélo-palestinien, il n'y a pas aujourd'hui d'autre piste réellement articulée sur la table que celle évoquée par la diplomatie française pour construire une démarche plus collective et plus structurée vers la solution des deux Etats.
Sur le dossier nucléaire iranien, il est vrai qu'Israël apprécie la fermeté française – nos interlocuteurs israéliens nous l'indiquent également à New York.
Monsieur Guibal, une des grandes difficultés que nous avons aux Nations unies est en effet de définir une appréciation commune – et partant une position commune - sur l'islam radical, car l'expression est perçue de manière très différente selon les pays. D'où la nécessité d'un dialogue sur ce point, que la France s'efforce de promouvoir.
Le 07/02/2015 à 19:18, chb17 a dit :
Comme l'indique François Loncle, le soutien à "l'opposition modérée" est une erreur de la politique française en Syrie depuis des années. Quand notre représentant au CSONU évoque la responsabilité de B. al Assad dans le développement de la Daesh, sa propagande farfelue omet cyniquement la responsabilité de la France, qui a par erreur armé et soutenu des terroristes devenus Daesh (certes, L Fabius préférait al Nosra). Continuer dans la même voie c'est jeter encore de l'huile sur le feu, et c'est oublier que c'est essentiellement l'armée de la Syrie qui combat les terroristes sur son sol.
Les syriens exilés (5 étoiles) que nous avons recrutés contre "le régime" n'existent plus du tout, après que nous avons tenté de faire croire que leurs "présidents" successifs avaient une légitimité à représenter le peuple syrien. Mais les massacres continuent autour d'Alep. 200 000 morts dont des français, des centaines de villes et villages détruits, et déjà quelques répliques de terrorisme jihadiste à Paris même: ça suffit. Le putsch a raté, reconnaissons-le.
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