Intervention de Amiral Bernard Rogel

Réunion du 27 janvier 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la marine :

Nous allons y réfléchir, car tout ce qui peut être fait pour passer le cap des difficultés budgétaires est bon.

Si la marine s'emploie à lutter contre la piraterie, il nous est difficile d'être présents sur toute la planète, sachant que nous avons des intérêts partout, à la fois pour des raisons historiques et compte tenu de la taille de notre ZEE. Le golfe de Guinée, qui intéresse les Néerlandais, les Français, les Anglais, les Portugais et les Espagnols pour des raisons historiques, attire cependant moins les Européens que l'océan Indien, qui concentre les flux maritimes mondiaux. Or si le nombre d'incidents de piraterie a beaucoup diminué dans cet océan, notamment grâce à l'action de l'Union européenne, il augmente dans le golfe de Guinée et recommence à exploser dans l'Asie du Sud-Est, avec le phénomène de « soutage illégal », c'est-à-dire le détournement de pétroliers ou le pompage de cargaisons de pétroliers dans des pétroliers pirates.

Le Livre blanc avait défini, outre le principe de différenciation, celui de la mutualisation, qui soulève une difficulté aujourd'hui. Alors que pour la marine, le contrat consistait en un déploiement dans deux zones, nous en sommes à quatre ou cinq. Si la situation devait perdurer, nous serions peut-être amenés un jour à faire des choix entre celles-ci, ce qui ne serait pas très simple.

L'opération Atalanta a certes permis de réduire le nombre d'attaques, mais les causes de la piraterie à terre n'ont pas disparu. On applique en l'occurrence le principe de mutualisation en essayant de maintenir une présence et en adaptant notre dispositif Atalanta en fonction de la menace estimée et du nombre de bâtiments agissant en coopération. Aujourd'hui, l'effort est plutôt porté sur le golfe Arabo-Persique – je rappelle qu'au moment de l'intervention en Libye, nous avions déjà dû abandonner temporairement certaines missions au profit de l'opération Harmattan.

Même si dans le cadre des longues discussions du Livre blanc sur l'océan Indien, certains prétendaient qu'il n'était plus nécessaire d'y être présents, je crois qu'on ne peut se détourner de cette zone centrale, sous peine de se réduire au rôle de puissance régionale. L'intérêt croissant de la Chine pour cette région est d'ailleurs révélateur.

L'enveloppe est maintenue dans ce domaine, ce qui est une bonne chose. Mais je suis inquiet de voir que les autres pays européens ont du mal à remplir les missions et que nous nous retrouvons parfois très seuls. C'est le cas aujourd'hui dans le golfe de Guinée et il pourrait en être ainsi demain dans l'océan Indien.

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