Intervention de Régis Juanico

Réunion du 29 janvier 2015 à 11h00
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRégis Juanico, rapporteur :

À Mme Chapdelaine qui s'interroge sur les missions locales et les aides aux des jeunes sans qualification, je répondrai que nous avons demandé la simplification et la clarification des quelque quatre-vingts dispositifs créés depuis 1977. Les jeunes qui sont sans emploi et qui, ne relevant pas de Pôle Emploi, sont dirigés vers les missions locales, qui leur proposent des dispositifs globaux prenant aussi en compte les problèmes de logement et de santé, et ils doivent savoir à qui s'adresser. Le bon dispositif est aussi le plus simple.

À l'occasion d'un rapport élaboré avec notre collègue Michel Heinrich, je m'étais livré à l'étude du millefeuille administratif, dans lequel même les acteurs sociaux se perdent parfois. À mes yeux, la Garantie jeunes constitue une avancée décisive, car elle permettra d'atteindre des jeunes qui ne sont ni scolarisés, ni employés, ni en formation, ni bénéficiaires du RSA puisqu'ils ont moins de vingt-cinq ans. Dans les départements qui l'ont expérimentée, une commission sélectionne des jeunes et les inscrit dans un parcours de suivi et d'accompagnement d'un an, organisé par les missions locales. Le bénéficiaire s'engage à suivre le parcours et, en retour, reçoit 430 euros d'allocation mensuelle. Les huit premières semaines de ce parcours sont collectives, et consacrées à une remise à niveau de certaines compétences de base. L'État consacre à ce dispositif 1 600 euros par jeune. Au terme de cette étape, le jeune est reçu par sa mission locale et mis à intervalles réguliers, pendant un an, en situation professionnelle : stage, immersion en entreprise, voire contrat de travail. Si ce dispositif simplifié d'aide à l'insertion professionnelle des jeunes en grande difficulté est bien celui que nous réclamions, les autres guichets existant à l'échelon territorial restent à simplifier. Il faudrait coordonner le service public régional de l'orientation (SPRO) et le service public de l'emploi au sein des régions, mais cela crée des difficultés avec Pôle Emploi…

Monsieur Caullet, notre premier rapport comportait des propositions relatives à l'engagement citoyen, sujet qui fait l'objet d'un vif débat au sein de notre groupe.

Je partage l'opinion de François Chérèque, président de l'Agence du service civique, qui considère que nous n'avons pas les moyens de rétablir la conscription, surtout pour une durée brève, que ce soit en termes financiers ou en termes de possibilités d'accueil. En revanche, il est possible de mobiliser différents outils dans un parcours citoyen, autour de l'âge de dix-sept ou dix-huit ans, et de conforter le lien armée-nation, particulièrement dans le cadre de la Journée défense et citoyenneté, qu'il faut rendre plus longue, avec des rendez-vous plus réguliers. Certains dispositifs doivent être améliorés, le service civique en fait partie : il y a aujourd'hui quatre à cinq demandes pour une place disponible. Il est de notre responsabilité de parlementaires d'obtenir que sa dotation soit portée de 70 millions d'euros à 600 ou 700 millions d'euros, ce qui permettrait d'amener l'effectif des participants, au service des associations et des collectivités, à 250 000 par an.

D'autres dispositifs sont également à mobiliser, qui touchent les jeunes beaucoup plus tôt, notamment ceux qui sont déjà sortis du système scolaire, et que l'on peut confier à des services très encadrés, tels l'Établissement public d'insertion de la défense (EPIDe). Il faut que nous disposions d'une palette d'outils susceptible de replacer ces jeunes dans des parcours de citoyenneté, et ce avant l'âge de dix-sept ou dix-huit ans.

Méfions-nous des solutions chimériques, telles que le retour du service national obligatoire. Réservons plutôt, au cours de la formation initiale, au lycée ou même au collège, des périodes durant lesquelles les jeunes pourraient non seulement effectuer des stages de découverte en entreprise, mais aussi des périodes d'engagement ou de mobilité internationale ou européenne. Il faut agir sur tous ces leviers en même temps.

Le principal, à mes yeux, réside dans l'éducation, la lutte contre le décrochage scolaire et la prise en charge précoce de jeunes à la dérive.

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