Monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, la date annoncée de la fin, prévue en avril 2015, des quotas laitiers en zone de montagne, approche à grands pas et les producteurs de lait craignent cette année une nouvelle crise laitière qui aurait de lourdes conséquences. Ma question est donc complémentaire de celle posée par notre collègue Philippe Baumel.
La situation économique des producteurs, en particulier dans les zones de production les plus fragiles, reste très difficile. Ma circonscription, située en moyenne montagne, en est un bon exemple.
L’avenir de nos filières laitières mais aussi fromagères bénéficiant d’une AOP – j’ai la chance d’avoir dans ma circonscription le Cantal, le Saint-Nectaire, la fourme d’Ambert et le bleu d’Auvergne –est directement menacé par la chute des cours, d’autant que des directives en cours d’élaboration risquent de renforcer des mesures vétérinaires parfois très tatillonnes.
L’année 2014 a en effet confirmé l’extrême volatilité du prix du lait, et la nécessité de prévoir les modalités de l’après-quotas, en particulier pour les petits producteurs en zones de montagne, où les écarts de salaire se creusent considérablement.
Avec des coûts de production supérieurs de 30 % à ceux des éleveurs de plaine spécialisés et un revenu bien inférieur – 18 500 euros dans un cas contre 32 800 dans l’autre –, les éleveurs en zone de montagne seront plus durement touchés encore par cette crise.
La production laitière y souffre en effet d’un déficit de compétitivité dû à un temps de collecte plus long et plus coûteux, d’exploitations plus petites et d’un coût de main-d’oeuvre plus élevé. Dans ces zones, entre 3 % et 6 % des exploitations laitières disparaissent ainsi chaque année avec, en parallèle, une augmentation considérable de l’âge moyen des chefs d’exploitation en activité. Cette évolution est d’autant plus importante dans les territoires de montagne qui ne sont pas protégés par des appellations d’origine et qui représentent 70 % de la production.
Si aucune mesure alternative de régulation du marché n’est mise en place, beaucoup d’exploitations laitières, dans nos zones de montagne déjà en difficulté, seront ainsi vouées à disparaître en même temps que les quotas laitiers. Cela va à l’encontre de la volonté de mettre en place des circuits courts.
Aussi est-il urgent de garantir une production durable afin de préserver l’économie de nos filières fromagères et laitières et de soutenir, par là même, une agriculture paysanne de qualité, essentielle pour la vitalité de nos territoires ruraux ainsi que dans la lutte contre la désertification.
Pouvez-vous, monsieur le ministre, rassurer les éleveurs laitiers de montagne sur l’engagement du ministère dans ce dossier ?