Intervention de Stéphane le Foll

Séance en hémicycle du 3 février 2015 à 9h30
Questions orales sans débat — Quotas laitiers en zone de montagne

Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement :

Madame la députée, je porte, comme tous les députés de ces régions, l’enjeu de la production laitière en montagne, notamment dans la négociation de la politique agricole commune. Annoncée dans le discours du Président de la République à Cournon, la revalorisation de 15 % de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels vise justement à apporter une aide renforcée – soit, une fois que l’ensemble du dispositif sera mis en oeuvre, plus de 1,1 milliard d’euros – à l’agriculture dans les zones difficiles. Il s’agit de zones souffrant de handicaps naturels, et la montagne, comme les zones de piémont, en fait partie.

Le lait, pour ces zones, est un enjeu. Au-delà de ce renforcement global des aides à l’hectare, et en particulier de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels, nous avons ajouté, dans le cadre de la négociation, des aides couplées à la vache laitière. Ces aides couplées, qui valent pour tous les troupeaux laitiers, sont prévues jusqu’aux quarante premières vaches laitières.

Mais nous avons veillé à ce que, pour la montagne, une aide supplémentaire vienne doubler le montant total de cette aide. En effet, là où l’aide aux quarante premières vaches pour les troupeaux de plaine s’élève à 36 euros, l’aide pour les troupeaux en zones de montagne s’élèvera à 74 euros par vache pour les trente premières. Nous savons que les troupeaux sont plus petits, et nous avons donc doublé cette aide couplée, justement pour soutenir cette agriculture laitière de montagne à laquelle je tiens.

Nous y ajouterons, d’ailleurs, lorsqu’un jeune agriculteur s’installera dans ces zones pour produire du lait, une aide spécifique majorée de 15 euros pour chacune des vaches laitières supplémentaires. L’enjeu réside en effet, après les quotas, dans le maintien de cette production laitière en montagne.

Nous aurons également à mobiliser, au travers de FranceAgrimer, le programme d’innovation en agriculture, le PIA, afin de permettre des actions de promotion du lait de montagne, qui commencent à s’organiser. Le lait de montagne commence à se différencier : il s’agit d’un enjeu spécifique, car les consommateurs doivent savoir que du lait est produit en montagne et qu’il peut être acheté en tant que tel. L’enveloppe de 2,5 millions d’euros consacrée à cette promotion sera maintenue et prorogée, parce qu’elle constitue aussi une manière de favoriser une organisation commerciale qui permette – l’objectif reste toujours le même – de pérenniser le lait dans les zones de montagne. En effet, une fois qu’il sera parti – si un jour il part –, il ne reviendra pas.

Le véritable enjeu, et j’en terminerai par là, est que si nous ne disposons pas d’une politique commerciale de valorisation – c’est pour cela que le rôle de FranceAgrimer est important –, nous courons le risque non seulement de perdre nos troupeaux laitiers mais de perdre les laiteries qui assurent la transformation du lait. Et quand vous ne disposez pas de fromages bénéficiant d’une IGP ou d’une AOP telles que celles que vous avez citées, madame la députée, et qui sont magnifiques, il existe un risque de voir, comme cela a parfois été le cas, des laiteries s’en aller et ne plus investir. L’enjeu réside également là. Soutenir la production nécessite qu’en aval, en termes d’organisation et de stratégie commerciale, une valorisation du « produit en montagne » soit menée à bien. À défaut, nous perdrions des outils industriels et nous connaîtrions, par la suite, de grandes difficultés à pérenniser la production laitière, même si, vous l’avez vu, nous avons bien anticipé cette évolution.

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