Monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, nous avons en Haute-Savoie, dans la vallée de l’Arve, un fleuron de l’industrie française : le décolletage. Ce sont 600 PME, dont le savoir-faire est mondialement reconnu, qui emploient 14 000 salariés et réalisent 65 % du chiffre d’affaires du décolletage français sur un territoire de 30 kilomètres.
En 2011, pour faire face à la crise et dynamiser ce secteur industriel, les acteurs de la filière – le Syndicat national du décolletage, le Centre technique du décolletage, le pôle de compétitivité Mont-Blanc Industrie et les entreprises – se sont dotés d’un plan stratégique baptisé Expansion 2020.
Le secteur du décolletage et de la mécatronique a besoin, chaque année, de 1 500 jeunes diplômés. Une chance pour ces jeunes de trouver un emploi en cette période d’augmentation constante et vertigineuse du taux de chômage. Toute la filière se mobilise pour valoriser les métiers de l’industrie auprès des jeunes et attirer les talents, notamment à travers le Salon des métiers industriels et de l’entreprise, SMILE, dont la septième édition accueillera, du 2 au 5 mars prochain, les 2 259 élèves de classes de quatrième et de troisième de la vallée de l’Arve.
Se former au décolletage, monsieur le ministre, c’est être assuré d’avoir un emploi demain. Plus de 80 % des apprentis trouvent un emploi à l’issue de leur formation : c’est plus que la moyenne nationale. Les entreprises de la vallée de l’Arve peinent pourtant à recruter car, à peine formés, ces jeunes employés quittent la France pour travailler chez des concurrents, en particulier en Suisse. Le poids des charges fiscales et sociales, qui réduisent de manière drastique le taux de marge des entreprises, le coût du travail, les lourdes contraintes administratives et, plus récemment, la hausse du franc suisse, ne permettent pas à ces PME d’inverser la tendance.
Or vous savez bien, monsieur le ministre, que former un jeune, pour une entreprise, c’est un pari pour l’avenir. Il faut donc soutenir les entreprises dans cette démarche. Je vous propose une solution : pourquoi ne pas prendre des mesures pour permettre aux entreprises de garder, au moins un certain temps, les jeunes apprentis ? Il faudrait pour cela un mécanisme comparable à une clause de dédit-formation, comme cela existe dans la fonction publique ou dans les grandes écoles, où l’on pratique ce que l’on appelle le pantouflage. Ce serait un bon moyen de valoriser l’apprentissage et d’inciter les jeunes à rester dans les entreprises qui les ont formés.
Je souhaite, monsieur le ministre, savoir quel est votre sentiment à propos de cette situation, et quelle est votre position sur ces propositions. Elles permettraient de lever les freins au développement de l’apprentissage et contribueraient à atteindre l’objectif de 500 000 apprentis en 2017, objectif qui a été fixé, je le rappelle, par votre gouvernement.