Monsieur le secrétaire d’État chargé des transports, de la mer et de la pêche, le 9 juillet 2013, le Premier ministre reprenait les préconisations du rapport de la commission Mobilité 21, accordant la priorité à la modernisation du réseau ferroviaire existant, en premier lieu aux trains d’équilibre du territoire. Quatre grandes lignes ont été considérées comme prioritaires, dont la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, dite POLT, pour laquelle l’État est autorité organisatrice.
Pour traduire en actes cette volonté, le 28 janvier 2014, le secrétaire d’État de l’époque, recevant les parlementaires de la ligne, acceptait notre proposition d’un schéma directeur national prenant en compte les travaux, la mise en place de nouveaux matériels roulants et une meilleure desserte, dans le cadre d’un partenariat formalisé entre tous les acteurs. Il parlait d’une « décision de bon sens ».
Et pour cause : cette troisième radiale nationale, la plus longue ligne ferroviaire de France, traverse dix départements et en dessert trente-deux. Elle concerne 5 millions d’habitants, comporte six carrefours ferroviaires et coupe cinq lignes transversales majeures. La ligne POLT irrigue le territoire, tant pour les voyageurs que pour le fret.
Je souhaite par conséquent vous interroger sur trois points.
Il y a un an, votre prédécesseur affirmait que RFF consacrerait 1 milliard d’euros en dix ans pour rénover et moderniser la ligne, à quoi pourraient éventuellement s’ajouter les travaux prévus dans le cadre des contrats de projets État-région des quatre régions concernées, mais cette somme n’est en réalité qu’une remise à niveau. D’ailleurs, les 460 millions d’euros investis sur la ligne entre 2004 et 2016 n’ont malheureusement pas stoppé le vieillissement du réseau ; ils l’ont seulement ralenti. Allez-vous accentuer cet effort pour moderniser et sécuriser le parcours et accélérer les liaisons comme cela est demandé ?
S’agissant du matériel roulant, les voitures corail font désormais leur âge et une énième rénovation ne suffira pas. Le 18 mars 2014, l’ancien secrétaire d’État chargé des transports affirmait que, dès septembre 2014, l’appel d’offres sur de nouveaux matériels entrerait dans une phase active. Les choses n’ont que trop duré, car l’appel d’offres n’a même pas encore été lancé. Il faut impérativement que ce dossier avance.
Quant à la gouvernance de la ligne POLT, l’ancien secrétaire d’État affirmait il y a un an qu’un schéma directeur de la ligne supervisé par un comité de pilotage était une bonne démarche et qu’il verrait le jour en septembre 2014. Cela permettrait de discuter également des dessertes, avec la volonté de lier le réseau classique modernisé au réseau à grande vitesse, en conservant le caractère national et non tronçonné de la ligne POLT de bout en bout. La question des dessertes est aussi celle de la fiabilité et il en va du respect des usagers. Cela passe notamment par l’embauche de cheminots en nombre suffisant, tant il est inacceptable que certains trains restent à quai faute de mécaniciens ou de contrôleurs. Quand aura lieu la première réunion de ce comité de pilotage pour le schéma directeur ?
Non seulement ce dossier piétine, mais des inquiétudes nouvelles se font jour. Le statut national de cette ligne est de nouveau remis en cause par la déclaration d’utilité publique du barreau Limoges-Poitiers. En outre, des lignes d’autocar privées pourraient être ouvertes sur ce parcours.
Les millions d’habitants et les territoires desservis par cette ligne, véritable colonne vertébrale du réseau ferré fret et voyageurs ne peuvent plus se nourrir de mots. Nous avons besoin d’actes et des preuves. C’est urgent pour nos habitants et nos régions.