Intervention de Jean-Michel Villaumé

Réunion du 4 février 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Villaumé, rapporteur :

Venons-en à présent à l'organisation de l'appareil de formation. Il est en constante mutation, pour s'adapter aux exigences opérationnelles, aux nouveaux équipements et à la réduction du format des armées.

Il est cependant impossible d'en connaître le coût global, aujourd'hui. Nous y reviendrons plus tard.

La responsabilité de la formation des militaires est du ressort de chacun des chefs d'état-major mais un comité coordinateur de la formation, coprésidé par un représentant de l'état-major des armées et le directeur des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD), est chargé de la réflexion, de la concertation et de l'arbitrage pour ce qui concerne les actions de création, de mutualisation, de rationalisation de la formation du personnel civil et militaire du ministère de la Défense.

Cette instance a permis de procéder à un grand nombre de regroupements et de mutualisations dans l'appareil de formation, qui est aujourd'hui largement rationalisé.

Des regroupements d'écoles ont déjà eu lieu au sein de chacune des armées, principalement dans l'armée de terre. Pour ne citer que quelques exemples, l'école d'application de l'infanterie de Montpellier et l'école d'application de l'artillerie se sont regroupées en 2010 pour former les écoles militaires de Draguignan ; l'école militaire supérieure d'administration et de management a rejoint le site des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, fusionnant ainsi avec l'école militaire du corps technique et administratif, pour former l'école d'administration militaire.

Si quelques efforts de regroupements de sites peuvent certainement encore être accomplis, les coûts en infrastructure pourraient s'avérer dirimants dans de nombreux cas. En outre, la fermeture d'écoles, conjuguée à la fermeture de plusieurs régiments pour répondre aux exigences de la loi de programmation militaire (LPM), risquerait de se heurter à des impératifs d'aménagement du territoire, à l'heure où les déserts militaires se font de plus en plus nombreux.

Chacune des armées dispense par ailleurs aujourd'hui, en fonction de ses spécialités, des formations au profit d'une ou plusieurs autres armées. Les formations en question nécessitent des structures dédiées souvent significatives et spécifiques au métier concerné et dont la duplication s'avérait trop couteuse.

Du fait de son expertise en milieu aéronautique, l'armée de l'air assure par exemple la formation initiale des pilotes d'avions de l'aéronautique navale au profit de la marine.

L'école de l'aviation légère de l'armée de terre de Dax assure la formation initiale des pilotes d'hélicoptère de l'armée de terre, de la marine, de l'armée de l'air et de la gendarmerie.

L'école des fourriers de Querqueville de la marine assure la formation des militaires de la marine, de l'armée de terre et de l'armée de l'air aux métiers de l'administration, de la gestion des ressources humaines et de l'hôtellerie et de la restauration, ainsi que la formation des spécialistes de la restauration de la gendarmerie nationale.

Cette politique de mutualisation s'est accompagnée de la constitution et du développement de pôles d'excellence interarmées dans de nombreux domaines de spécialité : cyberdéfense ; munitions et pyrotechnie ; nucléaire – radiologique – bactériologique et chimique (NRBC) ; ciblage ; renseignement, pour lesquels la satisfaction du contrat opérationnel exige un niveau technico-opérationnel performant.

De l'avis des personnalités entendues, la marge de manoeuvre en matière de mutualisation est, au terme de quinze années d'efforts, désormais relativement restreinte et il semble difficile d'aller plus avant dans cette voie.

Une plus grande mutualisation des formations pourrait ainsi aller à l'encontre du principe de « juste besoin » identifié par chacune des armées. Plus un programme s'adresse à un profil diversifié d'élèves, plus le risque est en effet important qu'il ne réponde pas parfaitement à leurs attentes. La mutualisation peut donc, dans certains cas, comporter un risque de sur-formation en plus d'une perte de temps.

La logique du milieu ne doit également pas être négligée – toutes les armées sont très vigilantes sur ce point. La « décontextualisation » d'une formation hors du milieu maritime peut, par exemple, se traduire pour un marin par l'incapacité à transposer des apprentissages théoriques en une compétence pratique à bord de son unité, comme dans le cas particulier de l'exploitation des ondes hertziennes et des systèmes de chiffrement.

Le coût en infrastructures, je l'ai déjà dit, peut également s'avérer dissuasif dans certains cas.

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