Cette politique de rationalisation se traduit également par un recours croissant à des partenaires civils pour des formations très techniques ou dans des domaines pour lesquels l'armée ne possède pas de compétence. Beaucoup de militaires suivent déjà des formations « externalisées » à Météo France, l'école nationale de l'aviation civile (ENAC), aux langues orientales, l'école des mines de Paris, Supélec ou Dauphine, par exemple. C'est un mouvement qu'il faut amplifier, la politique RH du ministère pour 2025 insiste là-dessus : certaines spécialités reposent sur des populations très faibles et il est plus intéressant de les faire former ailleurs (on le fait, dans un domaine marin, pour nos pilotes de l'aéronautique navale).
Les rapprochements avec nos partenaires étrangers sont en revanche plus timides. Les échanges entre académies militaires de pays partenaires sont solides mais mériteraient d'être encore développés, comme nous le proposons. Saint-Cyr a développé une initiative intéressante : elle accueille des cadets étrangers en semestre international pour des enseignements dispensés en langue anglaise. Cela attire de plus en plus nos partenaires étrangers qui disposent d'armées de taille plus modestes que la nôtre et y voient une voie possible d'externalisation.
Si les échanges s'amplifient, les exemples de coopération internationale sont en revanche plus rares.
Le plus poussé est probablement l'école franco-allemande de pilotage d'hélicoptères Tigre, basée à Luc, qui, depuis 2003, forme les équipages allemands et français au système d'armes avec un encadrement bi-national.
Le centre de formation franco-allemand des personnels technico-logistiques, situé à Fassberg, en Allemagne, forme pour sa part les maintenanciers de l'hélicoptère Tigre et relève de l'autorité du général commandant les écoles militaires de Bourges.
On peut enfin citer l'exemple de l'armée de l'air qui, à Cazaux, au sein de son école de transition opérationnelle « Commandant René Mouchotte » intègre depuis 2004 l'Advanced Jet Training School qui forme pilotes de chasse français et belges. Les belges ont en effet externalisé l'intégralité de la formation de leurs pilotes à la France.
Cela appelle de notre part d'autres initiatives.
Nous voulons également évoquer la question du partenariat avec les industriels. Ceux-ci sont très intéressés par les infrastructures proposées par les armées et les prestations de formation qu'elles peuvent délivrer. L'école des sous-officiers de Rochefort a déjà noué des partenariats fructueux avec plusieurs industriels. Cela pourrait constituer une source de revenus significative pour les armées, à condition qu'elles se dotent d'une véritable stratégie en la matière. Nous plaidons donc pour que l'état-major et la DRH-MD se saisissent pleinement du sujet et réfléchissent aux structures adéquates, EPSCP, fonds de dotation, pour que les écoles valorisent leurs savoir-faire et en recueillent directement les fruits. Cela fait l'objet d'une proposition de notre part.
Pour poursuivre ces mutations, les armées doivent impérativement se doter rapidement d'une comptabilité analytique de leur appareil de formation. Depuis 2009, les armées sont en effet incapables, comme nous venons de le dire, de produire les coûts complets de leur système de formation ! La réorganisation des chaînes du soutien et la création des bases de défense rendent impossible une vision consolidée des coûts de la formation. On n'a pu nous fournir qu'une estimation globale, un milliard d'euros par an, sans qu'il soit possible d'en connaître la répartition par armée, corps, type de formation – initiale ou continue. Ce point a été soulevé par la Cour des comptes et le contrôle général des armées et un groupe de travail devrait fournir de premiers résultats dans le courant du premier semestre 2015 avant une mise en oeuvre complète en 2016. Cet outil est indispensable aux choix qui doivent être faits en matière d'externalisation, de mutualisation et de valorisation.