Je souscris totalement à vos propos Mme la présidente : l'ouverture est effectivement nécessaire. Il est bon que nos étudiants puissent aller au contact de l'Union européenne et de l'OTAN en particulier. Mais il est également utile que nous recevions dans nos écoles supérieures d'officiers des étudiants étrangers, et particulièrement des étudiants africains. Ces élèves deviennent par la suite, dans leurs pays, des vecteurs de l'influence française dans la durée, des avocats de la France. Ayant effectué l'école du commissariat des armées, je l'ai vécu personnellement ; les liens tissés au cours de la scolarité durent toute la vie. J'ai cru comprendre que les coupes budgétaires avaient pu restreindre notre ouverture en la matière alors que celle-ci est, à mon sens, essentielle.
Je rejoins également la présidente sur l'importance de l'identité d'armée, y compris dans les écoles. Il y a eu des velléités – qui, je l'espère, sont passées – de massifier la formation et de l'uniformiser, en lui appliquant un simple vernis maritime, aérien ou terrestre en fin de parcours. Ce n'est pas bon. Les jeunes qui s'engagent le font car ils ont une envie de terre, d'air, de mer, de gendarmerie. Ils ne s'engagent pas dans l'absolu, sans rattachement particulier. Il est important que l'on garde, à tous les niveaux de formation, cette notion d'identité d'armée et que l'on ne massifie pas excessivement les formations.
Une dernière remarque concernant la mixité. Je ne connais pas la situation dans les écoles mais, ayant eu l'occasion de faire un rapport sur le dialogue social dans les armées, je n'ai pas senti de problèmes particuliers en la matière. Dans le cadre de nos travaux, nous avions reçu des femmes officiers et sous-officiers pour leur demander comment elles percevaient leurs relations avec les hommes, supérieurs ou subordonnés. Systématiquement, elles ont évoqué le respect et n'ont fait état d'aucun problème. Je ne suis évidemment pas naïf, cela ne signifie pas qu'il ne se passe rien. Mais je ne voudrais pas que l'angle d'analyse retenu donne corps à des préjugés dans ce domaine. Après avoir rendu le rapport que j'évoquais, j'ai été interrogé par un journal mensuel national qui tenait à tout prix à me faire dire qu'il avait du harcèlement sexuel dans armées. J'ai répondu qu'il m'était impossible de l'affirmer, que le phénomène existait dans l'armée de la même manière qu'il existe dans l'ensemble de la société, mais que rien ne permettait de certifier qu'il était plus répandu dans le monde militaire. Mon interlocuteur m'a répondu que, dans ces conditions, le rapport ne l'intéressait pas ! Certaines personnes s'avancent avec des idées préconçues et cherchent absolument à nourrir leur réflexion dans le sens de ces idées. Je pense que dans les armées – je ne parle des écoles – la mixité est bien acceptée, et que le respect y est même plus répandu que dans la vie civile.