Ma question s’adressait à M. le secrétaire d’État chargé des transports, de la mer et de la pêche.
Par cette question, madame la secrétaire d’État chargée des droits des femmes, je souhaite me faire l’écho de la consternation d’un certain nombre de nos concitoyens devant la manière pour le moins singulière dont a été récemment mis en oeuvre dans notre pays le devoir de mémoire.
La France s’est en effet engagée, en décembre dernier, à verser des compensations à hauteur de 50 millions d’euros aux victimes américaines déportées dans les wagons de la SNCF entre 1940 et 1944. Le risque d’entrave de plusieurs projets de développement de la SNCF aux États-Unis ainsi que la pression de certains états américains sur ce établissement public, au cours des dernières années, hélas relayée par certaines actions nationales, ont paru suffisants pour que notre pays offre un dédommagement substantiel, sans le moindre rappel, sans la moindre considération des réalités historiques.
Il s’agit de la manière dont la SNCF et ses personnels ont participé héroïquement à la lutte contre l’occupant, puis à la libération du territoire, en fournissant notamment une aide importante aux alliés et à leurs troupes au cours de la bataille de Normandie. Cette dernière action, en retardant considérablement les renforts allemands, a été décisive, si je m’en réfère à certains manuels militaires américains qui reconnaissent que les alliés ont gagné plus de 48 heures, à partir de la veille du jour J, grâce aux 5 000 Résistants qui ont fait sauter quelques centaines de ponts qui enjambaient les voies ferrées de la SNCF.
Cet hommage, les Américain l’ont rendu à l’époque aux héros que sont les cheminots de la SNCF qui, par le sabotage de locomotives, la destruction de ponts stratégiques, l’effondrement de tunnels et l’organisation d’innombrables changements d’aiguillage, ont participé à la libération du territoire après avoir largement contribué à lutter contre l’occupant.
Il est bien tard aujourd’hui pour rétablir la vérité des choses. Je demande toutefois à M. le secrétaire d’État quelles mesures il envisage de prendre en vue de rétablir l’équilibre dû à la mémoire que je viens d’évoquer, celle des héros de la bataille du rail, en particulier des 2 480 cheminots qui ont fait acte de résistance et ont été pour cette raison emprisonnés, fusillés ou eux-mêmes déportés.