Intervention de Pascale Boistard

Séance en hémicycle du 10 février 2015 à 9h30
Questions orales sans débat — Attitude de la sncf et de ses personnels pendant la seconde guerre mondiale

Pascale Boistard, secrétaire d’état chargée des droits des femmes :

Votre question, madame la députée Marie-Françoise Bechtel, s’inscrit dans la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la libération des camps de concentration et d’extermination nazis. Elle est légitime et convoque avec le recul de l’histoire la mémoire des actes ayant contribué à maintenir l’honneur de la France dans les heures sombres de la guerre.

Permettez-moi tout d’abord de préciser que l’accord franco-américain qui vient d’être conclu ne concerne aucunement la SNCF. Celle-ci n’a jamais été tenue responsable de la déportation et a été un rouage de la machine d’extermination nazie contre son gré. Elle n’est donc ni visée ni partie à cet accord qui a pour objet l’indemnisation de certaines victimes de la déportation vers les camps d’extermination nazis n’ayant pas eu accès à notre régime de pensions d’invalidité des victimes civiles de la guerre.

Rappelons que la France a mis en place des régimes de réparation matérielle visant à venir en aide aux victimes des persécutions antisémites perpétrées par les autorités allemandes d’occupation ou les autorités de fait relevant du gouvernement de l’État français et à assumer ses responsabilités historiques. Ces dispositifs ont été mis en place par étapes depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et le champ des réparations a été progressivement étendu.

Toutefois, certaines victimes de la déportation depuis la France n’ont pas eu accès aux pensions d’invalidité des victimes civiles de la guerre en raison de leur nationalité ni bénéficié de mesures de réparations versées par d’autres pays ou institutions au titre de la déportation. L’accord auquel vous faites référence vise précisément à indemniser ces victimes ou leurs ayant-droits.

Nul ne conteste les actions héroïques dont ont fait preuve de très nombreux cheminots de la SNCF. Comme vous l’avez rappelé, madame la députée, plusieurs milliers d’entre eux ont payé un très lourd tribut afin que la France demeure un pays libre. Il convient de rendre hommage aux cheminots résistants car ils sont l’honneur de la SNCF et de la France.

Le devoir de mémoire impose aussi de se souvenir qu’il s’agit d’une période sombre pour la France et pour la SNCF alors réquisitionnée par les autorités allemandes ou au service du régime de l’État français. Il convient à ce propos de saluer l’action des dirigeants de l’entreprise ferroviaire qui ont délibérément engagé leur entreprise depuis plusieurs années dans un travail de mémoire au prix parfois de vives critiques. La SNCF a ainsi noué des partenariats avec le Mémorial de la Shoah à Paris et plusieurs centres mémoriaux à l’étranger tels le « Yad Vashem » en Israël. Elle a par ailleurs facilité l’accès des chercheurs à ses archives de la Seconde guerre mondiale et soutenu diverses actions à vocation pédagogique et éducative. Comprendre et connaître cette période sombre ne fait que fortifier le respect dû à ceux qui ont eu le courage de se lever et de lutter au sein même d’une entreprise réquisitionnée. Cela ne ternit pas leur mémoire mais au contraire la ravive et l’honore.

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