Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 4 février 2015 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous avons le grand plaisir d'accueillir cet après-midi deux personnalités que vous connaissez bien, mes chers collègues : Mme Leïla Shahid, ambassadeur, chef de mission de la Palestine auprès de l'Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg, et M. Élie Barnavi, historien, professeur à l'Université de Tel-Aviv, ancien ambassadeur d'Israël en France.

Alors que l'urgence d'un règlement négocié du conflit israélo-palestinien n'a jamais été aussi grande, les positions des deux parties sont plus que jamais antagonistes. La solution à deux États semble chaque jour davantage menacée. Nous avons constaté avec regret l'échec des tentatives américaines de reprise des pourparlers, en dépit de l'énergie et du temps que M. John Kerry y a consacrés. La guerre a sévi de nouveau à Gaza l'été dernier. Bref, nous avons l'impression d'assister à la fin d'un cycle historique ouvert avec les accords d'Olso.

Ceux qui doutaient du caractère central du conflit israélo-palestinien ont été démentis. Nous ne fondons guère d'espoirs sur l'ultime tentative de John Kerry de réunir les deux parties autour d'une même table. Notre sentiment est que, en l'état actuel des choses, il faut changer la méthode de négociation.

La France a proposé l'organisation d'une conférence internationale, qui peut produire une dynamique nouvelle à condition, comme il en a été discuté aux Nations unies récemment, que la méthode change et qu'une résolution du Conseil de sécurité fixe un cadre et un calendrier aux négociations de façon à éviter les écueils du processus d'Oslo. Vous nous direz ce que vous pensez de cette démarche et du rôle que l'Union européenne peut y jouer.

L'Europe s'est depuis des années dégagée de toute implication majeure dans le règlement politique du conflit, se cantonnant à un rôle humanitaire ou de bailleur de fonds. Ne prenant plus la parole, elle a pu apparaître comme complice d'un statu quo dont on sait à quel point il est mortifère : quand rien ne se passe sur le plan politique ou diplomatique, les violences prennent le dessus. Quant au bilan du Quartet, il est à mes yeux inexistant.

Quels leviers les Européens peuvent-ils actionner, aux côtés des Américains, pour remettre les deux parties dans une négociation qui suivrait, cette fois-ci, un calendrier ? Quelles garanties l'Union, probablement avec les États-Unis et peut-être avec l'OTAN, peut-elle offrir aux deux parties au plan sécuritaire et économique ?

J'aimerais enfin avoir votre sentiment sur les chances d'aboutissement d'un accord global, tel que l'initiative arabe de paix l'avait imaginé en 2002. Cette initiative est toujours invoquée dans les conclusions des Conseils européens. Si elle aboutissait, ce serait l'ensemble des pays arabes, et non seulement deux comme c'est le cas aujourd'hui, qui reconnaîtraient le droit d'Israël à la sécurité.

Par ailleurs, monsieur Barnavi, peut-on attendre des élections anticipées qui auront lieu le 17 mars en Israël une modification de la politique gouvernementale ?

Madame Shahid, pourriez-vous nous éclairer sur la poursuite de la diplomatie onusienne de M. Mahmoud Abbas ? Le rejet, fin décembre, de la résolution au Conseil de sécurité a été suivi d'une demande – depuis acceptée – d'adhésion au Statut de Rome, au risque d'enclencher un engrenage dangereux. Quelle appréciation portez-vous sur la possibilité d'une réconciliation palestinienne, condition indispensable à la paix mais qui semble aujourd'hui dans l'impasse ?

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