Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le texte proposé par le Gouvernement à la suite de l'affaire Merah fait l'objet d'un certain consensus républicain pour poursuivre la lutte contre le terrorisme et favoriser la sécurité sur notre territoire.
Si je salue évidemment l'initiative de présenter un tel projet de loi, ce dernier oublie néanmoins de prendre en compte un aspect essentiel, les victimes de ces actes innommables.
Je voudrais citer l'exemple dramatique de deux jeunes de Linselles, dans la circonscription où j'ai l'honneur d'être élu, dans le Nord, Antoine de Léocour et Vincent Delory, enlevés au Niger par les terroristes d'AQMI et tués au Mali le 8 janvier 2011, lors de l'intervention des forces spéciales françaises.
Antoine s'était installé au Niger où il travaillait pour une ONG. Son ami Vincent l'avait rejoint pour assister à son mariage. Parce qu'ils étaient Français, ils ont été les victimes d'un conflit qui les dépasse et dont ils n'étaient pas acteurs. Antoine et Vincent n'étaient pas des aventuriers. Ils se sont rendus au Niger, dans sa capitale que le Quai d'Orsay reconnaissait comme une zone sûre pour les touristes occidentaux.
Nicolas Sarkozy puis, plus récemment, le 16 octobre 2012, François Hollande ont rencontré les familles d'Antoine et de Vincent, à qui l'on a promis de reconnaître le statut de victime du terrorisme, le statut de mort pour la France étant réservé aux militaires.
Le Président de la République, François Hollande, leur a ensuite conseillé de prendre contact avec leur député pour qu'il travaille avec la représentation nationale à la création de ce statut. C'est ce que les familles Delory et Léocour ont fait.
Lors de mon entretien avec elles début novembre, j'ai compris combien il était important pour elles que l'État, que la France reconnaisse leurs souffrances. Aussi ai-je un amendement portant création de ce statut afin de combler sans plus attendre ce vide juridique. Elles ont déjà trop attendu.
Ce sujet ne doit pas faire l'objet de considérations politiques ou politiciennes. C'est pourquoi j'ai voulu vous associer tous à cette démarche, mes chers collègues, quel que soit votre parti politique, comme je l'ai promis aux familles.
J'ai aussi sollicité le soutien, dès jeudi dernier, du Président de la République et de l'ensemble des ministres concernés, le Premier ministre bien sûr, mais également vous, monsieur le ministre, le ministre de la défense, qui participait à l'entretien des familles et du Président de la République, la ministre de la justice. J'ai adressé dès jeudi le contenu de mon amendement à vos cabinets respectifs.
J'ai reçu le soutien de l'Association française des victimes du terrorisme, qui reconnaît que ce statut serait un premier pas vers une reconnaissance spécifique des victimes du terrorisme, dans le sens préconisé par le rapporteur spécial de la commission des Droits de l'Homme de l'ONU.
J'espère que chacun pourra mettre de côté ses considérations partisanes et que nous pourrons nous unir pour offrir à ces familles dans la douleur et à toutes les familles victimes du terrorisme la reconnaissance que l'État leur doit.
Profitons de ce moment pour souligner la dignité des élus locaux, à commencer par M. le maire de Linselles, qui a accompagné les familles depuis un an, de l'ancien député de la circonscription, mais aussi de tous les habitants qui ont soutenu les familles dans ce terrible drame dont la presse a pendant des jours relaté les détails.
Que les discours d'unanimité et d'humanité trouvent ici leur concrétisation. Les familles, qui attendent la levée du secret défense, seraient réconfortées de voir, ici et maintenant, reconnaître le statut promis par le Président de la République François Hollande. C'est l'objet de mon amendement, que je vous présenterai après l'article 6. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)