Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, de Gavrilo Princip, bras armé de la Main noire jusqu'à l'effondrement des tours jumelles, le XXe siècle, si l'on oublie les ancêtres décabristes, aura été le siècle du terrorisme, de la lutte du faible au fort, de l'injustifiable au justifié au nom d'un bien suprême, immatériel et souvent fantasmé. Car si pour le pur tout est pur, tout ici-bas peut être justifié, jusqu'à l'inqualifiable et l'injustifiable.
Mais au-delà de l'aspect opérationnel que vous soulevez aujourd'hui, monsieur le ministre, le terrorisme soulève plusieurs interrogations.
La première de ces interrogations, le premier axe de réflexion que je vous proposerai, concerne nos prisons. Des prisons de France où le règlement pénitentiaire n'est pas appliqué, où, depuis les dernières vagues terroristes, les instruments d'un islam politique conquérant, cherchent à conquérir les territoires dans lesquels il se trouve – les salles communes, les ateliers, les cellules. Comment se fait-il que les portes ne soient pas fermées dans les centrales de France ? Comment se fait-il que certains détenus se retrouvent à trois dans une même cellule, contrairement au règlement ? Comment se fait-il qu'il y a des lieux où les gardiens de prison n'osent pas pénétrer sinon au risque de leur vie ? Comment expliquer que certains détenus ne passent pas leur sac à dos sous les portiques de détection métallique quand ils reviennent du sport ? Est-ce pour laisser passer les instruments de mort qu'ils ont fabriqués à partir d'axes métalliques – bien fabriqués, j'en ai vu avec dragonne et poignée – ? Pour lutter contre le terrorisme, monsieur le ministre, encore faut-il que votre action opérationnelle soit coordonnée avec l'autre bout de la chaîne, c'est-à-dire avec le ministre qui réside place Vendôme !
Deuxième axe de réflexion : souvent, le terroriste présente ce défaut qu'il n'a jamais rencontré l'autorité paternelle : il n'a jamais eu à se confronter avec des limites et avec un cadre parental, il n'a jamais eu la possibilité de savoir ce qui est faisable ou non faisable, ce qui est bien ou mal. (Murmures sur les bancs du groupe SRC.) N'y a-t-il pas une certaine contradiction dans vos propos et ceux de votre gouvernement, alors que vous cherchez désespérément à reposer un cadre, à rétablir un sens, une symbolique, à soutenir, dans le même temps, un projet qui va jusqu'à rayer le mot de père du code civil ? (Protestations sur de nombreux bancs du groupe SRC.) Poussez vos cris d'orfraie, mais cela est tout à fait cohérent, mes chers amis : vous provoquerez dans les années à venir la confusion des genres, le déni de la différence des sexes et la psychose ! (Mêmes mouvements.)