Notre ministère ne dispose pas encore d'une comptabilité analytique, mais pour estimer le coût global de la JDC, il faut prendre en compte l'ensemble des charges – les rémunérations et charges sociales (RCS), dont les pensions, les charges de fonctionnement liées à la réalisation de la JDC et le soutien commun assuré par les bases de défense – et évaluer l'investissement nécessaire à l'entretien des infrastructures par le Service d'infrastructure de la défense (SID). Les RCS concernent les salaires des 1 300 membres du personnel civil et militaire de la DSN et les indemnités d'enseignement des animateurs, ces dernières pesant sur le budget des forces armées, soit 83,8 millions d'euros. Notre budget de fonctionnement représente 22,5 millions d'euros, le budget « métier » pour nos besoins propres s'élevant à quelque 18,5 millions et le budget soutien commun, à quatre millions. Les investissements – essentiellement dédiés à l'entretien des infrastructures du service national et aux besoins de développement des systèmes d'information – représentent cinq millions d'euros. Nous subventionnons enfin à hauteur de 30 000 euros l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme. Au total, on aboutit pour 2014 à un coût estimé d'environ 111,3 millions d'euros, soit 142,50 euros par jeune. Ces chiffres figurent dans le rapport annuel de performances fourni au Parlement.
S'agissant de la détection des jeunes en difficulté, nous ne sommes pas propriétaires des résultats des tests ; l'Éducation nationale publie tous les ans une analyse de ces données, y compris par zone géographique et par milieu socioprofessionnel, disponible sur le site du ministère.
Quelques jeunes passent, il est vrai, au travers des mailles du filet, mais nous le constatons a posteriori, quand ils atteignent l'âge de vingt-cinq ans. Par exemple, la classe d'âge de 1988 a épuisé les possibilités de participer aux JDC, et le pourcentage de jeunes qui y ont échappé se situe entre 3 et 4 %. Certains demandent à être exemptés pour des raisons liées à la santé ou au handicap ; il faut également prendre en compte les décès. Enfin, si l'attestation de recensement et le CIP sont indispensables pour se présenter aux examens du permis de conduire et aux examens et concours organisés par la puissance publique – en particulier le Baccalauréat –, certaines administrations et auto-écoles oublient de les réclamer, malgré nos rappels réguliers auprès du ministère de l'Intérieur, des préfectures et des universités. Nous diffusons l'information sur la réglementation dans les collèges et les lycées ; les mairies le font également par le biais de leurs bulletins municipaux et de moyens digitaux. Nos efforts conjugués portent leurs fruits, ne laissant qu'un petit pourcentage d'une classe d'âge passer entre les mailles du filet.
L'ancien programme de la JDC démarrait par une présentation des droits et devoirs du citoyen. Sans avoir beaucoup de recul – j'ai pris mes fonctions à l'été 2012 –, je crois pourtant que nos jeunes en entendent beaucoup parler dans le cadre de leur parcours scolaire, dans les cours d'enseignement civique et moral et d'histoire-géographie. Aujourd'hui, nous intégrons ces éléments aux séquences consacrées à la défense et à la sécurité, car c'est à ces enjeux que nous souhaitons sensibiliser en priorité. Peu relayées par les médias, ces thématiques risquent en effet l'indifférence, même si les événements tragiques récents et les tensions internationales de plus en plus vives les ramènent sur le devant de la scène. C'est pourquoi le ministre de la Défense nous a demandé de réorienter le programme des JDC. Un autre point cependant : aux termes d'un décret, au recto du CIP que nous remettons aux jeunes figure la Charte des droits et devoirs du citoyen, telle qu'elle a été adoptée par le Parlement en 2011.
La question du format de la JDC est complexe : certes, nous serions heureux de disposer de plus de temps, mais allonger la journée – qui s'étend déjà de huit heures et demie ou neuf heures à dix-sept heures ou dix-sept heures et demie – paraît délicat. Nous manquons parfois de temps pour exposer les enjeux de la défense et de la sécurité intérieure, mais nous devrions parvenir à gagner un peu de marge pour 2016.