Intervention de François le Puloc'h

Réunion du 11 février 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

François le Puloc'h, directeur du service national :

La loi avait initialement prévu la possibilité de délivrer un certificat médical à tous les jeunes qui passent en JDC ; malheureusement, cette disposition n'a jamais été appliquée, pour des raisons financières. Cependant, la JDC offre à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, notre partenaire, l'occasion d'organiser une enquête tous les trois ans par questionnaire anonyme.

La journée peut paraître courte et dense, mais les jeunes n'y restent pas indifférents ; certes, la JDC n'est pas médiatique, mais les retours montrent qu'elle sème une petite graine dans leurs esprits. Cela reste insuffisant et le débat démocratique est légitime, mais nous parvenons à briser le mur de l'indifférence. En effet, la ghettoïsation représente le risque majeur pour l'armée professionnalisée qui a besoin de la jeunesse pour se renouveler.

Madame Gueugneau, les jeunes en situation de handicap ont le droit de participer à la JDC et n'en sont exemptés qu'à leur demande, ou à la demande de leurs parents. Si tous nos sites ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite, et que les appelés du service national sont soumis à des règles spécifiques, nous nous organisons pour accueillir tous ceux qui le souhaitent. J'ai ainsi vu un père accompagner son fils handicapé mental.

Nous ne pouvons pas plus nous substituer aux missions locales qu'aux EPIDe ou au SMA. Nous nous contentons d'un rôle de détection et d'alerte, des organismes spécialisés étant ensuite censés venir en aide aux jeunes en difficulté. Malheureusement, nous ne bénéficions pas de retours de leur part. En revanche, ma direction confie à des volontaires en service civique la mission d'accompagner les jeunes en difficulté de lecture et de vérifier qu'ils ont pris contact avec la mission locale ou avec d'autres organismes. Cette expérience, très limitée, fonctionne bien, l'accompagnement se révélant utile tant pour les jeunes en difficulté que pour les volontaires auxquels il donne une première expérience professionnelle – qui ne relève pas d'un contrat aidé.

De 2008 à 2012, la DSN a perdu 50 % de ses effectifs, entre réorganisations territoriales, dissolution de centres et délocalisations. Les effectifs chargés du soutien commun ont été transférés dans le cadre de l'embasement, et une partie de mon personnel a rejoint le Service historique de la défense lorsque les archives des anciens appelés et militaires métropolitains ont été transmises au Centre des archives du personnel militaire de Pau. Face à cette réduction des effectifs, il a fallu nous réorganiser.

Les JDC représentent une mécanique complexe qui nécessite une solide logistique. J'ai notamment dû lutter contre l'absentéisme des animateurs militaires désignés par les armées et la gendarmerie. En fonction du plan d'abonnement décliné à l'échelle nationale et de la démographie, ces dernières doivent assumer un volume déterminé de jours-animateurs, réparti ensuite au niveau régional entre mes directeurs d'établissements du service national et les correspondants locaux des armées. Lorsqu'un animateur désigné est absent, des solutions palliatives sont mises en oeuvre. Depuis 2012, les armées ont fait beaucoup d'efforts, faisant nettement reculer l'absentéisme. En effet, les armées comme la gendarmerie ont conscience que la JDC permet de les faire connaître.

Comme je l'ai dit, seuls 3 à 4 % d'une classe d'âge échappent à la JDC ; ceux qui ne viennent pas la première fois sont relancés – à condition d'avoir été recensés.

S'agissant de la durée de la JDC, je vous renvoie aux déclarations du ministre de la Défense qui s'est exprimé à l'occasion d'une question d'actualité au Gouvernement le 20 janvier dernier. Compte tenu de la situation actuelle de nos finances publiques, le citoyen que je suis a du mal à imaginer cette formation allongée. En effet, toute prolongation aurait un coût ; une semaine de cinq jours induirait ainsi des dépenses d'hébergement et d'internat considérables, d'autant que nous n'avons plus d'infrastructures adaptées, ni de moyens pour assurer un encadrement suffisant. Malgré tout l'intérêt d'une formation de cinq jours – qui fut d'ailleurs le modèle imaginé, avant la réforme de 1997, pour le « rendez-vous citoyen » –, nous n'en avons plus la capacité.

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