Intervention de Frédéric Sawicki

Réunion du 13 février 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Frédéric Sawicki :

Dans le temps limité qui m'était imparti, je ne m'étais pas attardé sur le diagnostic. Je suis naturellement d'accord avec ce qui a été dit sur les conséquences des transformations idéologiques et politiques intervenues au cours des vingt-cinq ou trente dernières années.

Il y a deux manières de concevoir le problème : soit l'on en reste à la déploration, au « c'était mieux avant », au fatalisme ; soit on tente d'identifier les quelques leviers sur lesquels il est possible d'agir. Guillaume Liegey vient d'en énumérer certains qu'il appartient aux partis politiques d'actionner, plutôt qu'à ce groupe de travail. Je tenterai pour ma part de cerner les moyens d'améliorer la situation, sinon de résoudre comme par magie toutes les difficultés.

Des interventions se dégagent plusieurs éléments convergents. La proportionnelle, tout d'abord, ne peut être réduite à une question technique. Cette revendication fait partie de l'histoire du mouvement ouvrier français et de celle du mouvement républicain. Les gambettistes estimaient que l'élection au suffrage universel devait s'accompagner de la représentation proportionnelle – la « RP » – parce que la France était tenue par des notables conservateurs, monarchistes, catholiques intégristes. Les républicains ont d'ailleurs introduit la proportionnelle lorsqu'ils ont pris le pouvoir, au début des années 1880, mais ils ont refermé la porte à la suite de l'épisode boulangiste, cet impressionnant mouvement de masse autour d'un leader charismatique – encore un, après Napoléon Ier et Napoléon III – qui, dans sa vaste opération marketing, s'inspirait déjà des États-Unis. Par la suite, les socialistes, puis les communistes, et aujourd'hui le Front national, ont repris cette revendication.

Pourquoi ? Parce que la proportionnelle, c'est la représentation de la diversité de la société : celle des catégories sociales, mais aussi celle des intérêts. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Je suis profondément d'accord avec Michaël Foessel sur ce point. Le scrutin majoritaire à deux tours accentue le phénomène analysé par le socio-économiste américain Anthony Downs : on ne cherche pas à gagner les élections pour appliquer son programme, on cherche à élaborer le programme qui permet de gagner les élections. Je ne parle pas là d'idéologie, seulement de programme.

À cet égard, ce qu'a dit Claude Bartolone sur le Parti socialiste est très juste. Il se trouve que c'est ce parti que j'observe de manière privilégiée, non parce que je suis socialiste moi-même, mais comme l'un de mes terrains d'étude. En 2010 et 2011, après le désastreux congrès de Reims, Martine Aubry, à qui on peut faire certains reproches, a néanmoins réussi, avec ses partenaires, à relancer la machine à élaborer le programme en interne. Puis les primaires sont arrivées, et c'est François Hollande qui les a remportées ; il avait bien dû se distinguer, sur différents points, au cours de la campagne des primaires, puis il a élaboré son propre programme, avant d'adopter une autre politique encore. Le phénomène est le même pour les députés, pour les maires, etc.

Il y a bien là une contradiction profonde avec ce qu'est le parti, étymologiquement chargé de défendre une partie – pars – de la société. On peut parler d'unité nationale, mais la manière dont la moindre loi provoque des manifestations de telle ou telle catégorie nous rappelle que la société est le lieu de la diversité des intérêts. En France, nous n'avons pas du tout la même attitude que les Américains vis-à-vis de cet état de fait. Eux l'assument : pour eux, la démocratie, c'est le pluralisme – la polyarchie, disent les spécialistes. Une multitude d'intérêts sont en jeu, chacun a le droit de s'exprimer, et les partis ont pour fonction d'agréger ces intérêts. Les conventions des partis démocrate et républicain aux États-Unis constituent ainsi, à la suite d'élections primaires, des espèces de gigantesques marchés où sont représentés la communauté gay, les Noirs, les partisans de la nourriture macrobiotique, etc., qui soutiennent tel ou tel candidat, lequel défendra en retour leurs intérêts – pour le meilleur et pour le pire : il n'y a guère de raison de s'étonner de ce qui advient quand le soutien est venu des banquiers ou des publicitaires. Quoi qu'il en soit, tout cela est beaucoup plus naturel qu'en France où prévaut le discours sur l'unité nationale. On a l'impression d'être au xixe siècle quand on entend François Mitterrand dire que le peuple de gauche a gagné, que la majorité sociologique a atteint la majorité politique. C'est pourtant la réalité.

Aujourd'hui, les institutions renforcent cette espèce de flou dans la pratique. Bien sûr, il y a la convergence des politiques économiques, les contraintes européennes, etc. Toujours est-il que le problème est évident à l'échelon local – auquel je me suis, c'est vrai, beaucoup intéressé et qui est essentiel pour mesurer ce qui fait que les gens se reconnaissent ou non dans la politique.

Le communisme municipal a été, si l'on ose dire, le meilleur produit d'appel du Parti communiste : s'ils avaient attendu les lendemains qui chantent et la révolution promise, les militants n'auraient pas tardé à aller voir ailleurs, mais ils restaient parce que, dans les municipalités communistes, il y avait de formidables centres aérés pour les enfants, des centres de soins, etc. Aujourd'hui, on élit des maires qui n'ont en fait aucun pouvoir, qui se retrouvent, tous partis confondus, dans des structures intercommunales où ils « dealent » entre eux, loin du regard des citoyens. 80 % des décisions politiques sont prises ainsi, que l'on ait voté pour un maire de droite ou pour un maire de gauche. Et que l'on ne dise pas que les poubelles, par exemple, ne sont ni de droite ni de gauche : on peut choisir de passer par une régie publique ou par une entreprise privée, etc.

Ce système de cogestion généralisée entraîne l'appel à des élus experts, ceux que l'on appelle en science politique les « technotables ». 30 % des nouveaux élus à l'élection municipale de 2014 n'ont jamais travaillé que pour la politique. Ils ont débuté comme assistants parlementaires ou responsables de cabinet d'un élu local, ils ont généralement un bac + 4 ou 5, un master, souvent en science politique – nous contribuons malheureusement, nous, universitaires, à cette évolution –, ils sont dans la roue d'un élu, ce qui permet de contrôler les sections, tâche d'autant plus facile qu'il y a moins d'adhérents, et ils attendent de prendre sa suite. Quelle est la socialisation de ces personnes ? Ils ne viennent pas d'une organisation de défense des droits de l'homme, ils ont toujours géré de petites affaires d'élus locaux et ont une vision souvent assez technique de la politique.

On s'étonne que le Front national prospère sur ce terreau. Mais le Front national est un parti idéologique, il n'a pas besoin de mettre en avant des personnes connues. Cette situation est toutefois en train de changer, et il serait intéressant d'observer les effets de la conquête de mandats locaux, qui sera sans doute massive lors des prochaines échéances électorales. J'appelle d'ailleurs votre attention sur les effets pervers du mode de scrutin pour les régionales. Quoi qu'il en soit, ce parti représente une offre idéologique, que l'on peut critiquer, juger démagogique, mais qui a l'avantage d'être omnibus : vous tapez sur les étrangers, cela fonctionne contre les Allemands en Europe, contre les Chinois, contre les Arabes, contre l'euro, etc. C'est un très bon produit, qui n'en est pas à son premier succès ; si le Front national n'est pas un parti nazi, la recette consistant à faire de l'étranger le responsable de tous les maux est aussi vieille que la politique démocratique. C'est un nationalisme exacerbé, un protectionnisme. Et en face, qu'est-ce qu'on a ? « Ouh là là, c'est très compliqué, les problèmes, aujourd'hui… » Et l'on s'étonne que les gens ne connaissent pas le nom de leur député ? Mais ils s'en foutent !

Certes, le phénomène est renforcé par la distance géographique et la mobilité des personnes. De plus, je caricature évidemment ces attitudes. Mais il faut ouvrir les yeux. On n'attrape pas les électeurs sans identité forte, sans message politique clair, sans leur dire que l'on défend leurs intérêts, des intérêts bien identifiés, en proposant une autre grammaire que celle du Front national. La grammaire de classe paraît aujourd'hui dépassée, vieillotte ; mais, après tout, le Front national, lui, sait bien l'utiliser quand il en a besoin.

Je ne suis pas d'accord avec l'idée qu'il n'y aurait plus aujourd'hui de frontières idéologiques. On décide d'aller faire la guerre en Irak contre Daech, de maintenir l'enseignement privé dans le système scolaire : ce sont des choix qui engagent profondément notre pays. Bien des domaines peuvent être politisés. Mais pourquoi, aujourd'hui, les acteurs politiques ont-ils peur de cette politisation ? « Ce n'est pas de la politique », entend-on, « c'est technique ». Il y a là une responsabilité considérable, qui ne vient pas des individus mais qui est renforcée par le système électoral et par l'absence de vision claire des compétences. J'admire déjà les électeurs qui vont voter aux cantonales. Pour quoi votent-ils ? D'abord, nombreux sont ceux qui ignorent totalement ce que fait un département ; en outre, on ne sait même pas si cet échelon va perdurer.

Cessons donc de nous donner des excuses, d'être fatalistes et d'exhorter malgré tout à continuer de croire en la politique. On m'a reproché d'être un peu pessimiste, mais je me retenais ! Je prédis que trois ou quatre régions vont tomber dans l'escarcelle du Front national, la réforme régionale n'ayant pas arrangé les choses ; pour le malheur du Front national, d'ailleurs, car Marine Le Pen craint la montée des élus locaux qui vont développer des stratégies pragmatiques, contraints qu'ils seront, eux aussi, à s'adapter aux règles du jeu institutionnel. Mais, si les partis politiques ne réagissent pas, le réveil va être très brutal, ne serait-ce que par l'effet mécanique de l'abstention. On dit toujours qu'il faut apporter des réponses aux électeurs du Front national, mais on ne s'adresse pas à ceux qui sont perdus, qui ne se reconnaissent pas dans l'électorat FN, et dont l'abstention laisse le Front national prospérer.

En ce qui concerne la proportionnelle, une action de long terme me semble nécessaire, car beaucoup d'aspects y sont liés. La proportionnelle inciterait notamment les partis à assumer clairement leurs positions, quitte à ce qu'ils fassent des compromis dans un second temps. Vous avez rappelé, madame Cohendet, que la France était, avec le Royaume-Uni, l'un des seuls pays à recourir au scrutin majoritaire, chacun des deux ayant son propre système. Mais cette idée que la culture politique française serait par nature conflictuelle, à l'image de ce qui se passe dans le village d'Astérix, me paraît une ineptie : la France n'est ni plus ni moins diverse et traversée par des conflits que les autres pays. Si elle a une histoire conflictuelle, cela tient aussi aux blocages institutionnels : nos institutions ne poussent guère au compromis. La proportionnelle, elle, force les acteurs à s'entendre. Ainsi en va-t-il pour les organisations syndicales, qui défendent chacune leurs positions, voire s'affrontent, mais sont bien obligées, une fois autour de la table, de se mettre d'accord, sans que cela remette en cause leur identité propre. De même, si les différences entre patronat et syndicats sont loin d'avoir disparu, ils n'en arrivent pas moins à passer des accords.

Quant à l'argument selon lequel le scrutin majoritaire garantirait la stabilité et l'efficacité, il ne me paraît guère sérieux : le Président de la République n'applique pas le programme sur lequel il a été élu, et il est contraint d'aménager en permanence sa politique en fonction non pas tant des guérillas internes au Parlement que des levées de bouclier de la société, qu'il s'agisse de quelques patrons en colère, de manifestants bretons ou de militants qui occupent le site d'un futur aéroport.

D'autre part, stabilité n'est pas nécessairement synonyme d'efficacité. Si les partis sont toujours là malgré la crise qu'ils traversent, c'est que les règles les protègent – en un sens, heureusement. C'est d'ailleurs ce qu'énonce la théorie actuellement dominante dans le champ de la science politique au niveau international : les systèmes de partis se maintiennent grâce à des formes de cartellisation. En d'autres termes, les règles du jeu politique, notamment les modes de scrutin et les règles de financement – par exemple, le scrutin majoritaire à deux tours, le seuil d'éligibilité de 5 % appliqué à telle ou telle élection, le calcul des dotations basé pour moitié sur le nombre de parlementaires – favorisent systématiquement les partis en place, voire créent des rentes de situation. Voilà ce qui assure la stabilité, en dépit de la baisse régulière du nombre d'adhérents et de la participation.

Il n'a jamais été aussi difficile qu'aujourd'hui de se présenter à une élection si l'on n'appartient pas à un parti politique, notamment parce que cela coûte cher. D'autant que la limitation très stricte du financement privé en France – dont je me réjouis – empêche les milliardaires de surgir dans le paysage politique, phénomène que nous pouvons observer, en revanche, aux États-Unis. À cet égard, le système politique américain est une ploutocratie : les congressmen possèdent généralement une fortune personnelle, qu'ils avaient acquise au préalable ou qu'ils ont accrue grâce à leur activité politique. C'est l'argent qui leur permet d'entrer dans le jeu politique, car se présenter aux primaires coûte très cher, sauf lorsque l'on est soutenu par de généreux donateurs, mais on risque alors de n'être qu'une marionnette dans les mains des groupes d'intérêts économiques.

La contrepartie de cette logique de cartel, c'est que les partis ne sont plus, à l'exception du Front national, les lieux où les programmes se fabriquent, où les représentations de la société se diffusent et où les militants sont formés. Ils n'ont plus d'autre fonction sociale que celle de sélectionner les candidats. De ce point de vue, je porte un jugement mitigé sur les primaires. Certes, je suis d'accord avec le diagnostic que certains d'entre vous ont fait : en réservant aux seuls adhérents la possibilité de désigner les candidats, on leur donne un pouvoir considérable. Mais, si l'on généralise le mécanisme des primaires, à quoi cela servira-t-il d'adhérer à un parti ?

Quoi qu'il en soit, il faut réfléchir à tout ce qui pourrait inciter les citoyens, sinon à adhérer, du moins à se sentir concernés par la vie des partis politiques. Nous pourrions notamment nous inspirer des instruments utilisés à l'étranger. Ainsi, une partie des dotations publiques – par exemple un tiers – pourrait être affectée aux partis politiques par les citoyens eux-mêmes à travers l'impôt, sur le modèle de ce qui se pratique en Allemagne pour le financement des Églises. Néanmoins, un tel mécanisme se heurte au fait qu'une partie de la population ne paie pas d'impôts. En outre, le montant des dotations pourrait dépendre pour partie du nombre d'adhérents, à condition que celui-ci fasse l'objet d'un contrôle. Dans plusieurs pays d'Amérique du Sud et d'Europe centrale, notamment en Pologne, les partis doivent collecter des signatures à cette fin. Cela les oblige à solliciter le soutien des électeurs en continu, et non seulement de manière ponctuelle à l'occasion des élections. Enfin, nous pourrions prévoir que, pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle, un candidat doive réunir soit 500 signatures d'élus comme c'est le cas actuellement, soit 500 000 signatures de citoyens. Là encore, cela pousserait les partis à aller davantage vers ces derniers. Ce sont là des pistes.

Je terminerai en évoquant la formation. J'ai notamment animé des travaux de recherche sur la formation syndicale, et je me réjouis, à cet égard, de la présence de Bernard Thibaut aujourd'hui. On parle parfois des écoles du parti communiste, mais on connaît moins le remarquable système de formation interne mis en place par les organisations syndicales en France. Pour la plupart, les syndicalistes se forment non pas à l'université, mais sur le tas, non seulement dans les luttes, mais aussi dans des écoles de formation. Cela vaut pour tous les niveaux : militant de base, conseiller prud'homme, etc. La formation est non seulement idéologique, mais aussi pratique – étude du code du travail, analyse économique –, car la rhétorique marxiste et l'invocation de la lutte des classes ne suffisent pas pour mener une négociation de branche ! Ce système coûte de l'argent aux organisations syndicales – une partie de l'activité est néanmoins bénévole –, mais c'est ce qui leur permet de fonctionner. De plus, à la différence des partis politiques, les syndicats proposent aussi des formations aidant à la reconversion professionnelle, notamment à leurs militants les plus aguerris qui pourraient susciter la méfiance des employeurs, à plus forte raison si le syndicat lui-même a une image négative auprès de ces derniers. S'ils disposaient des moyens matériels adéquats, les partis politiques pourraient faire, eux aussi, de la formation.

Je souscris tout à fait à la remarque qui a été faite sur la limitation du cumul des mandats dans le temps, mais celle-ci doit s'accompagner de l'élaboration d'un statut de l'élu, afin d'éviter la professionnalisation durable de la politique, qui est aujourd'hui un fait incontestable. Cela devrait nous amener à réfléchir, sans fausse honte, à des mesures spécifiques en faveur de ceux qui ont exercé des mandats électifs : pourquoi un ancien maire ou un ancien conseiller général ne bénéficierait-il pas d'une voie d'accès spéciale à certains corps de la fonction publique ? Pourquoi n'aurait-il pas droit à des crédits de formation importants pour l'aider à se reconvertir ? Pour ma part, je trouve plutôt positif qu'un ancien ministre, Arnaud Montebourg, ait créé sa propre entreprise. Certes, tout le monde n'a pas son carnet d'adresses, mais nous pourrions accompagner les démarches de cette nature. À tout le moins, il faut débattre de ces questions. Ne nous contentons pas de regarder passer les trains !

8 commentaires :

Le 18/12/2016 à 00:03, Laïc1 a dit :

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"Une multitude d'intérêts sont en jeu, chacun a le droit de s'exprimer, et les partis ont pour fonction d'agréger ces intérêts."

Et le référendum a pour fonction de désagréger les intérêts, de les séparer, de les présenter séparément dans toute leur complexité et dans toute leur compréhension à chaque citoyen, le contraire du parti politique qui entend tout agréger pour tout mieux confondre, pour mieux embrouiller et berner le citoyen, afin que le lobby triomphant impose son intérêt économique, dissimulé parmi des mesures en apparence généreuses et qui n'auront d'autre fonction que de placer sur orbite le terrible prédateur économique qui sert de moteur et de financeur au parti politique manipulé et manipulateur.

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Le 18/12/2016 à 10:10, Laïc1 a dit :

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"S'ils disposaient des moyens matériels adéquats, les partis politiques pourraient faire, eux aussi, de la formation."

M. nous présente l'horreur anti-démocratique : l'école des cadres du parti, comme ce qui existait en Union soviétique. Ces écoles d'endoctrinement doivent bien sûr être interdites, avant d'en arriver à l'interdiction des partis politiques s'il s'avère que leur fonction est essentiellement idéologique, destinée à tromper les masses et à conforter une minorité d’apparatchiks qui vit au crochet du peuple, comme la tique infestée de la maladie de Lyme vit au dépend de l'animal ou de l'homme qu'elle a mordu.

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Le 18/12/2016 à 10:13, Laïc1 a dit :

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"Il se trouve que c'est ce parti que j'observe de manière privilégiée, non parce que je suis socialiste moi-même,"

Personne n'est parfait, il est vrai qu'il est très difficile de vivre et de penser librement dans une société conformiste, axée sur la culture de la consommation et de la télévision, où la facilité l'emporte sur la réflexion.

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Le 18/12/2016 à 10:25, Laïc1 a dit :

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"Aujourd'hui, on élit des maires qui n'ont en fait aucun pouvoir, qui se retrouvent, tous partis confondus, dans des structures intercommunales où ils « dealent » entre eux, loin du regard des citoyens. 80 % des décisions politiques sont prises ainsi, que l'on ait voté pour un maire de droite ou pour un maire de gauche. Et que l'on ne dise pas que les poubelles, par exemple, ne sont ni de droite ni de gauche : on peut choisir de passer par une régie publique ou par une entreprise privée, etc."

Ce "loin des regards des citoyens" est une condamnation sans appel de notre système profondément anti-démocratique : une fois élu, les maires, aux ordres des partis politiques, font leur cuisine entre eux, en négligeant l'avis du citoyen, faisant de lui un animal "non politique", bref le danger qu'il faut craindre et qui se tournera inéluctablement vers le FN, comme son alter ego social, le parti qui recueille les rejetés de la fausse démocratie qui nie le référendum et l'avis citoyen.

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Le 18/12/2016 à 12:02, Laïc1 a dit :

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"J'admire déjà les électeurs qui vont voter aux cantonales. Pour quoi votent-ils ? D'abord, nombreux sont ceux qui ignorent totalement ce que fait un département ; en outre, on ne sait même pas si cet échelon va perdurer."

C'est de l'abnégation électorale, un suivisme politique sans faille, le vrai militantisme en fait. Cela ne me surprendrait pas d'ailleurs que les plus décidés à voter pour les communales soient les moins décidés à participer à un référendum local (nationale, ce serait encore autre chose) : car autant il est facile de voter pour un parti, pour une couleur, car cela ne demande pas de réflexion, juste la concrétisation électorale d'une identification politique, autant il leur sera difficile de changer leur mécanisme de pensée, leur robotisme sans réflexion et de réfléchir réellement sur un sujet précis, en l'absence de mot d'ordre politique, et de se déterminer par eux-mêmes. Présents lors des cantonales, mais aux abonnés absents lors du référendum local, ce serait quelque part logique, et prouverait que les élections ne sont rien d'autre que l'impasse de la réflexion démocratique.

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Le 18/12/2016 à 12:07, Laïc1 a dit :

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"Ce système de cogestion généralisée entraîne l'appel à des élus experts, ceux que l'on appelle en science politique les « technotables ». 30 % des nouveaux élus à l'élection municipale de 2014 n'ont jamais travaillé que pour la politique. Ils ont débuté comme assistants parlementaires ou responsables de cabinet d'un élu local, ils ont généralement un bac + 4 ou 5, un master, souvent en science politique – nous contribuons malheureusement, nous, universitaires, à cette évolution –, ils sont dans la roue d'un élu, ce qui permet de contrôler les sections, tâche d'autant plus facile qu'il y a moins d'adhérents, et ils attendent de prendre sa suite. Quelle est la socialisation de ces personnes ? Ils ne viennent pas d'une organisation de défense des droits de l'homme, ils ont toujours géré de petites affaires d'élus locaux et ont une vision souvent assez technique de la politique."

M. nous présente la version française de l'apparatchik.

Dont voici d'ailleurs la définition (wikipedia) :

"Le terme apparatchik (en russe : аппаратчик) est apparu pour désigner, en Union soviétique puis par extension dans les autres régimes communistes, un membre de la nomenklatura, cadre supérieur du gouvernement ou du parti communiste.

Par extension, l'apparatchik est un militant politique permanent, c'est-à-dire qui fait carrière dans son parti, rémunéré ou non, y prend des responsabilités lui permettant d'obtenir des investitures et des mandats électoraux.

Le terme désigne aujourd'hui le membre d'un système politico-administratif ou, par extension, toute personne qui profite de son rang, de sa situation au sein d'un groupe social ou politique pour renforcer sa légitimité, son ascendant et son prestige, voire pour s'enrichir, faire carrière, etc. On parle aussi de bureaucrate."

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Le 18/12/2016 à 12:41, Laïc1 a dit :

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" si le Front national n'est pas un parti nazi, la recette consistant à faire de l'étranger le responsable de tous les maux est aussi vieille que la politique démocratique. C'est un nationalisme exacerbé, un protectionnisme."

Reprenons le processus psychologique qui mène au FN : les gens, les citoyens, écœurés de ne pas voir leur parole prise en compte (surtout à l'heure d'internet où les moyens de se faire une idée sur tous les sujets sont devenus ultra-performants), se murent dans un premier temps dans le silence. Qu'est-ce qui les rattache au système ? Rien. Sauf peut-être leur histoire personnelle, car le pays a une histoire humaine, et eux-mêmes ont une histoire humaine. Ils vont donc se rappeler qu'ils ont une origine, une race, une religion, comme seuls éléments les raccrochant à la société, au pays, à la nation. Mais ces sujets sont interdits par la constitution, car le système, la loi, refuse de prendre en compte la race, origine, religion, pour faire un lien avec le peuple. Or, pour le citoyen, muré dans son silence par le système électif, c'est pourtant le seul lien qui le rattache la réalité sociale, son seul élément possible d'affirmation de son moi dans le collectif. Et c'est là que surgit le FN : loin de rejeter la race, l'origine, la religion, il va au contraire les prendre en compte, mieux que les prendre en compte, les magnifier, les surdévelopper : "On veut nier votre parole, il ne vous reste que vos origines, race, religion pour être fiers de vous ? Hé bien ,nous, au FN, nous allons vous démontrer que votre origine race, religion, est bien la meilleure, que vous avez raison d'exister par elles, et c'est par elles que vous existerez dans la société."

Mais ce que le FN se garde bien de dire, c'est qu'il ne prendra pas plus que les autres partis la parole murée dans le silence, il ne fait que substituer à l'intelligence citoyenne refoulée le vieux système de l'existence par les origines et les coutumes, choses qui auraient être dû dépassées par notre système républicain qui entend ne pas faire de distinction entre les individus.

Ainsi, le FN va jouer sur le pathos, à savoir sur l'affect, sur l'amour de l'origine, seul moyen d'affirmation du citoyen nié par l'absence de démocratie réelle, pour remplacer le logos (la pensée) citoyen, politiquement inexistant.

Le référendum, lui, se propose de replacer le logos (la réflexion citoyenne) en première place, car la négation du logos amène à la surestimation du pathos, du sentiment excluant, et le sentiment, que ce soit l'amour ou la haine, amène à des comportements déviants préjudiciables à la vie en collectivité. La voie du seul pathos n'est politiquement pas viable.

Seule le logos, la pensée rationnelle, doit décider, et c'est la pensée rationnelle du citoyen, éclairée par la science développée et démocratisée par internet, qui doit être sollicitée, par voie de référendum, bien sûr, sinon ce sera le FN et l'amour du pathos irraisonné et destructeur qui l'emportera.

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Le 18/12/2016 à 14:37, Laïc1 a dit :

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On peut poursuivre cette réflexion par rapport à l'islam. En effet, les musulmans se soucient fort peu de démocratie : tout est à Dieu, tout vient de Dieu, il faut appliquer le coran, la charia, et le "citoyen", en fait le musulman, sera heureux. Cette attitude anti-démocratique se double d'une appartenance identitaire très marquée à l'islam, au fait d'être "musulman". Si encore cela se passait en terre d'islam, mais le citoyen voit qu'en France le pouvoir politique nie pour eux la laïcité, et donc le principe qu'on lui applique de non distinction des citoyens en fonction de leur religion. Il nie la laïcité pour permettre aux musulmans d'avoir un traitement différencié, par exemple dans les cantines scolaires avec les doubles menus ou dans les hôpitaux pour la circoncision, et ce en fonction de leur seule religion.

Ainsi, non content d'être muré dans le silence, non content de voir son identité personnelle rejetée car non constitutionnelle, il va devoir supporter que des populations récemment arrivées en France soient reconnues en fonction de leur origine, race, et surtout religion, et aient un traitement différencié qui va les valoriser, les faire compter dans la cité au nom de cette identité religieuse ou nationalité qu'on lui refuse à lui, citoyen français d'origine ou d'origine européenne. Cette différence de traitement, cette discrimination évidente va entraîner une forme d'exaspération, et les citoyens non musulmans qui jusqu'alors hésitaient à franchir le pas qui les mènerait au FN, car c'est quand même un parti violent et qui a la réputation sulfureuse d'avoir des sympathies historiques pro-pétainistes, ce qui est évidemment disqualifiant politiquement parlant, hé bien ces Français écœurés de voir la laïcité bafouée au nom d'un nationalisme religieux qu'on leur refuse, vont s'insurger et franchir le dernier pas qui leur fera adhérer au FN, ou au vote FN.

C'est ainsi que l'Etat, niant la démocratie, niant la laïcité, niant les principes clés de la République démocratique, laïque et et sociale, crée lui-même les conditions de sa destruction morale et politique.

C'est du politiquement tout faux, et ça les Français démocrates n'en veulent plus du tout.

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