Intervention de Patrick Rossignol

Réunion du 25 février 2015 à 9h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Patrick Rossignol, maire de Saint-Amancet :

On demande toujours aux opposants au barrage de reconnaître les exactions, en particulier celles venant de la ZAD. Elles existent, on ne les nie pas, et moi moins que tout autre : j'ai vu des choses inacceptables. J'aimerais néanmoins que la demande de reconnaissance n'aille pas toujours dans le même sens et que l'on établisse une comparaison entre les différents agissements. Les dégradations de vitrines au conseil général, on les a laissées commettre même si certains les ont jugées bizarres. Mais il faut voir ce qu'ont subi les zadistes, qui sont des parias aux yeux de beaucoup et que l'on fait passer pour tels, un peu comme des Roms qui seraient parqués là et qu'il faudrait éjecter. Ils en ont fourni une liste, et nous avons tout un dossier qu'il nous faudrait la journée entière pour vous lire. La comparaison montre un déséquilibre. Simplement, les zadistes sont de plus petites gens. On a parlé de mon fourgon dans la presse parce que j'ai dit que j'étais maire : si c'était le véhicule derrière moi qui avait été cassé, ce serait passé inaperçu. Il faut donc faire preuve d'honnêteté des deux côtés, et ne pas toujours demander aux mêmes de baisser la tête et de reconnaître ce que font certains parmi eux. Dans la ZAD qui est, je le répète, une mini-société, il y a des bons et des moins bons.

Comment parvenir à gérer de telles situations ? Outre l'enquête d'utilité publique et la nécessité d'une implication accrue du citoyen, il y a peut-être quelque chose à revoir dès le stade des études préalables. Il n'est pas normal que, dans le cas de Sivens, celles-ci aient été confiées à un organisme comme la Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (CACG), que l'on connaît bien dans le monde agricole, et que l'on critique même si l'on y recourt – nous l'avons d'ailleurs écartée pour l'un des lacs collinaires que j'utilise. Il aurait fallu, au stade des études, plusieurs intervenants au lieu d'un seul – le constructeur qui plus est !

Toujours à ce stade, un problème se pose qui concerne les élus. Je ne veux pas les accabler : pour participer à des réunions à la communauté de communes, autour du SCOT, etc., je sais que l'on reçoit quantité de « pavés » que l'on a du mal à lire. Je suppose que cela se passe de la même manière au conseil général, même si les élus sont peut-être plus disponibles que je ne peux l'être comme maire d'une petite commune. Je comprends donc que l'on puisse voter un projet en confiance. J'aimerais simplement que les élus reconnaissent leur erreur, admettent qu'ils n'ont pas bien lu le projet et fassent marche arrière. Je suis montagnard, je sais qu'il faut parfois être capable de faire demi-tour. De plus, cette situation nourrit la suspicion alors qu'il serait bon que les élus redorent un peu leur blason en période électorale.

Quant au préfet – en réalité, deux préfets se sont succédé au cours de la période –, il n'a pas joué dès le début le rôle de conciliation qu'il a désormais endossé. Au départ, influencé par les élus, il a misé sur le rapport de forces pour décaper la zone avec l'aide des forces de l'ordre, au lieu d'assurer d'emblée une médiation. Du coup, il ne parvient plus à maîtriser les élus qui continuent de jeter de l'huile sur le feu. Et, actuellement, tout le monde se rejette la balle : l'État dit que c'est au conseil général de prendre la décision, le conseil général estime que l'ordre n'est pas de son ressort, la commune est désemparée car elle manque de moyens. Peut-être faut-il donc réfléchir aussi à la question de savoir qui peut prendre l'initiative d'une négociation en pareil cas.

En ce qui concerne enfin la formation de la gendarmerie, il y a peut-être en effet un problème. Je ne connais pas bien la question, mais il semble qu'il y ait différents niveaux. Certains gendarmes qui relèvent de mon secteur et avec qui j'ai discuté ne me paraissent pas avoir bénéficié d'une préparation avant d'être envoyés sur place. Pour eux, quand ils sont chez moi à Dourgne, il est davantage question de relation humaine que de rapport de forces. Ces gendarmes-là sont désemparés. Tous ne sont donc pas formés à la même école.

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