Intervention de Jean-Marc Germain

Réunion du 27 janvier 2015 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain :

Selon vous, la France n'a pas vocation à accueillir tous les Chrétiens d'Orient ni tous les Yézidis. Elle ne fait d'ailleurs rien de tel : sur les quelques millions de personnes déplacées, nous avons accordé l'asile à environ 700 Chrétiens d'Irak. Et, si j'ai bien compris, nous n'examinons les dossiers qu'à partir du moment où les demandeurs ont de la famille en France, car nous ne voulons pas créer de difficultés d'accueil dans notre pays.

Les personnes déplacées sont donc restées dans la région. S'agissant des déplacés Irakiens, ils sont massivement présents au Kurdistan, où ils ont été plutôt bien accueillis. J'ai visité plusieurs camps, et les conditions matérielles y sont satisfaisantes : les réfugiés ont un toit et mangent à leur faim. En revanche, ils n'ont pas d'argent, et il n'y a aucune vie sociale, en particulier pas d'écoles. L'aide humanitaire est apportée par les congrégations religieuses – qui sont très présentes, mais de manière un peu désordonnée –, par la Turquie – également très présente – et par l'ONU – qui éprouve quelques difficultés à empêcher les « déperditions », pour employer un terme poli. Nous avons intérêt à être nous aussi présents. Dans cette période transitoire, il me semble indispensable de garantir un accueil de qualité et de faire en sorte qu'il y ait une vie pour ces réfugiés, au-delà de la simple survie. Quelle est l'ampleur de l'aide apportée par la France et par l'Union européenne ? Quel rôle pourrions-nous avoir en la matière au-delà de ce que nous faisons déjà ?

J'ai interrogé des réfugiés, et ce qu'ils m'ont répondu m'a un peu glacé. Alors qu'ils savaient généralement que leur maison n'avait pas été détruite ni occupée par d'autres, beaucoup d'entre eux – un sur deux ou un sur trois – m'ont dit ne pas vouloir rentrer chez eux, parce qu'ils en avaient assez des persécutions qui duraient depuis des décennies. « Aujourd'hui, c'est Daech ; demain, ce seront d'autres groupes ! », ont-ils précisé. Il y a donc une peur du retour, qui atteint des degrés variables selon les communautés. En tout cas, celles-ci se sentent structurellement menacées dans les endroits où elles vivent. Partagez-vous cette vision des choses ? Ou bien pensez-vous que ce constat est seulement ponctuel ? Quelles sont les perspectives en termes d'organisation politique dans la région ? Pour ma part, je ne pense pas que nous soyons condamnés à choisir entre un régime autoritaire et des pouvoirs formés sur une base purement confessionnelle – sunnite, chiite et kurde.

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