Sur ce point, il conviendrait d'interroger le ministère de l'intérieur, qui est concerné au premier chef. Le problème est réel en France : dans beaucoup d'endroits, la communauté musulmane ne dispose pas d'un nombre suffisant de lieux de culte dignes, car la législation française ne permet pas de financer leur construction.
Madame Guittet, je crois qu'il est en effet possible d'avoir un État qui respecte les droits individuels et le pluralisme religieux. L'évolution de long terme que j'ai mentionnée débouchera, je l'espère, sur une modernisation tant des régimes politiques que des sociétés civiles.
Quant aux Chrétiens, ils sont souvent placés dans des situations difficiles du fait même de leur statut de minorité, mais je ne crois pas qu'ils soient condamnés à soutenir les dictateurs. Je vous choquerais si je disais le contraire ! N'oublions pas que les minorités chrétiennes ont été à la pointe de la modernité politique au Moyen-Orient tout au long du xxe siècle. Nous avons d'ailleurs intérêt à dialoguer avec elles pour mieux réfléchir à ce que peut être aujourd'hui la modernisation politique à laquelle nous essayons de travailler dans cette région, devenue un véritable champ de ruines.
S'agissant des chiites, monsieur Marsaud, les responsables français, quel que soit le gouvernement en place – j'ai passé quatre ans en poste à Téhéran –, n'ont jamais cessé d'affirmer que l'Iran était un grand pays et que nous souhaitions entretenir une relation forte avec lui, y compris pour la résolution des problèmes régionaux. Actuellement, tout est gelé par la question nucléaire. Si nous parvenons à régler cette question dans les mois qui viennent, ainsi que nous l'espérons, cela modifiera profondément la donne régionale, bien au-delà de la seule problématique nucléaire.