Intervention de Florence Chappert

Réunion du 3 février 2015 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Florence Chappert, responsable du projet « Genre, santé et conditions de travail » à l'ANACT :

Cela est exact. Le problème se pose aussi dans les call centers où des cas de malaises sont recensés sans être toutefois assimilés à des accidents du travail.

En ce qui concerne les accidents de trajet, la situation n'est pas meilleure : ils ont augmenté, de façon globale, de 6 % entre 2001 et 2013, mais cette progression représente en moyenne 24 % s'agissant des femmes. Cette augmentation atteint même 50 % pour les femmes travaillant dans les services, la santé, le nettoyage, le travail temporaire.

Par ailleurs, les maladies professionnelles ont crû deux fois plus vite pour les femmes que pour les hommes. Cela étant, on observe une baisse depuis deux ans, qui est liée, d'une part, au nouveau critère du tableau n° 57 des maladies professionnelles – il s'agit surtout de troubles musculo-squelettiques (TMS) – et, d'autre part, aux effets positifs de la prévention. étant précisé qu'il y a par ailleurs beaucoup de sous-déclaration concernant les maladies professionnelles et beaucoup de traitement par la médecine de ville.

Nous menons actuellement un projet de recherche en partenariat avec une université et une grande entreprise sur l'absentéisme différencié des femmes et des hommes. Les enquêtes montrent que l'absentéisme des femmes est supérieur de l'ordre de 30 % à 40 % – une petite part (10 % seulement) étant due à l'absentéisme avant le congé maternité.

De plus, un fort écart dans l'exposition au stress au travail continue d'exister entre les femmes et les hommes. Cet écart a diminué mais l'exposition à la tension au travail a globalement augmenté, ainsi que le montre la dernière enquête SUMER.

Je voudrais dire un mot de la question de la prévention. Depuis la loi du 4 août 2014, dont l'article 20 dispose que les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs doivent être évalués en tenant compte de l'impact différencié de l'exposition au risque en fonction du sexe, certains services de médecine du travail témoignent d'un intérêt pour la prévention ; par ailleurs, du côté des entreprises, il y a des préoccupations financières liées à la montée de l'absentéisme – phénomène général qui touche toutefois plus les femmes que les hommes.

Nous faisons le constat que les femmes sont entrées sur le marché du travail pour y occuper des postes dans des secteurs en croissance peu ou moyennement qualifiés mais très fortement exposés aux contraintes de rythme, aux exigences émotionnelles, au manque d'autonomie… Il y a une sous-évaluation persistante de l'exposition au risque et à la pénibilité dans ces emplois. Cette invisibilité relève, à nos yeux, d'une méconnaissance des contraintes et des pénibilités auxquelles sont exposées les femmes : lorsque nous intervenons en entreprise, nous nous rendons compte que les postes les plus pénibles ne sont pas ceux des hommes mais plutôt ceux des femmes.

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