Il y a quatre ans, jour pour jour, débutait à Fukushima la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl. Depuis cette date, plus personne ne peut ignorer l’horreur de l’accident nucléaire. Elle soumet des dizaines de milliers de Japonais à un interminable calvaire. Depuis cette date, l’Autorité de sûreté nucléaire reconnaît qu’un accident nucléaire majeur est possible en France. Depuis cette date, l’industrie nucléaire est profondément déstabilisée, de nombreux pays se sont désengagés et le business model nucléaire s’est écroulé. L’état de quasi-faillite d’Areva en est la conséquence directe. Il met en danger des dizaines de milliers de salariés et des dizaines de sites.
Il met aussi en danger la sûreté des installations, déjà pointée du doigt par l’ASN suite aux stress tests post-Fukushima, et qui ne saurait en aucune façon être la variable d’ajustement du Meccano industriel envisagé pour l’entreprise.
Mais au moment de faire des choix cruciaux, nous pensons surtout qu’il ne faut pas se tromper de diagnostic. Il y a certes eu des erreurs industrielles, sur lesquelles la vérité devra être faite, notamment l’incroyable prétention de certains dirigeants et la désinformation de l’autorité de tutelle, mais la crise d’Areva n’est que la partie émergée de l’iceberg pour une filière qui affronte enfin la vérité des prix. Grand carénage, déchets, démantèlement, EPR, assurances : partout, les coûts explosent. Et que dire quand EDF perd 3 % en Bourse au seul motif qu’est évoquée une fusion avec Areva ? Visiblement, le nucléaire, « ça a eu payé », mais aujourd’hui, ça coûte !
Madame la ministre de l’écologie, Areva ne doit pas entraîner EDF dans sa chute. Pouvez-vous nous confirmer que l’État compte jouer pleinement son rôle d’État stratège et donner pour feuille de route à ses entreprises publiques la transition énergétique, la réduction du nucléaire à 50 % en 2025 et la priorité aux filières d’avenir que sont la maîtrise de l’énergie, les énergies renouvelables et le démantèlement nucléaire ?