Ma question s’adresse au ministre de l’agriculture, et j’y associe mes collègues Thierry Benoit et Guénhaël Huet. En opposition au ministre du travail qui évoquait des « signaux de reprise », je peux vous dire que dans la Manche, les signaux ne sont pas vraiment à la reprise. Après Areva la semaine dernière, ce sont désormais les Abattoirs industriels de la Manche – AIM – et le site de Sainte-Cécile qui sont en alerte, en alerte rouge.
Plus de deux mois après le placement en redressement judiciaire d’AIM, l’inquiétude est en effet à son comble. Les repreneurs potentiels du site de Sainte-Cécile ont tour à tour jeté l’éponge. Ce week-end, le dernier entrepreneur en lice s’est totalement retiré. Monsieur le ministre, près de 400 emplois directs pourraient disparaître. Tout un territoire serait vraiment sinistré.
Les entreprises susceptibles de reprendre AIM ont besoin de garanties. Les collectivités locales – département et région – sont très actives sur le sujet, mais elles ne peuvent tout faire.
Si les entreprises d’abattage vont si mal, c’est qu’elles souffrent d’un énorme déficit de compétitivité face aux abattoirs allemands et espagnols notamment. En cause, bien sûr, les charges sociales qui, en France, sont lourdes, beaucoup trop lourdes. En cause également, en amont de la filière, la disparition des élevages porcins, qui aboutit à une réduction des volumes pour les abattoirs. Les producteurs de porc ont vu s’envoler les coûts de production. Et que dire des normes importantes qu’on leur impose, et qui requièrent de très lourds, de trop lourds investissements !
Les éleveurs sont en grande difficulté en amont, les abattoirs le sont forcément en aval. C’est aussi cette équation qu’il faut résoudre, cette difficulté structurelle de compétitivité qui décourage les repreneurs potentiels d’AIM. Monsieur le ministre, nous sommes tous mobilisés : les salariés, dont le sens des responsabilités leur a fait reprendre le travail, les industriels, les producteurs et bien sûr les élus. Cependant, pour AIM, ses 400 salariés et leurs familles, chaque minute compte.
Monsieur le ministre, l’État est-il à nos côtés, pouvons-nous compter sur lui, pouvons-nous compter sur vous, et comment ?