Je m’exprime sans aucun esprit de principe, et non sans hésitation puisque c’est au titre d’une expérience professionnelle qui n’est pas celle de mon métier de député.
J’ai été très frappée que chacun se soit exprimé avec beaucoup de loyauté et de coeur ; je crois qu’il n’y avait pas de posture. Mais j’insiste sur le décalage entre ce qui a été dit et la réalité de la vie pratique dans un hôpital. J’ai commencé à me consacrer pratiquement exclusivement à la cancérologie en 1981, mais j’avais été auparavant interne dans des centres de lutte contre le cancer. Je dois dire que pas une seule fois un malade ne m’a demandé de provoquer ou de hâter sa mort. Cela m’a beaucoup frappée car, je le dis sincèrement, peut-être, dans certaines circonstances particulièrement douloureuses, aurais-je été tentée d’y avoir accès. J’ose croire que ces malades étaient bien pris en charge, bien accompagnés, et que leur demande n’était donc pas la même que s’ils avaient été confrontés à l’angoisse dans la solitude. Cette expérience de plusieurs dizaines d’années m’a conduit à me rallier sans aucune réserve à ce projet de loi que nous allons, je l’espère, voter à l’issue de nos séances.