Arc International est leader dans le domaine des arts de la table. Le groupe détient 12 à 13 % des parts de marché dans les arts de la table fabriqués à partir de verre. Son chiffre d'affaires est réalisé à raison de 42 % en Europe de l'Ouest, 16 % aux États-Unis et 42 % dans les pays émergents. L'entreprise compte cinq usines dans le monde, dont l'implantation est dictée par la nécessité de produire au plus près des marchés : l'usine historique est à Arques dans le Pas-de-Calais ; pour les États-Unis, nous avons une usine dans le New Jersey depuis 1982 ; en Chine, nous sommes implantés à Nankin, près de Shanghai, depuis 2003 ; une quatrième usine se trouve aux Émirats arabes unis depuis 2004 ; la cinquième a été acquise en Russie en 2011. Ces pays apprécient le made in France.
Mon arrière-grand-père a racheté en 1900 l'usine créée en 1825. C'est son fils, Jacques Durand, qui l'a véritablement développée à partir de 1927 et jusqu'en 1997, date à laquelle il a quitté l'entreprise, après soixante-dix ans à son service.
Jacques Durand était un visionnaire. Il a construit le développement de l'entreprise sur une idée simple : l'automatisation de la production du verre, qu'il est allé étudier aux États-Unis entre les deux guerres. Il en a rapporté des idées pour installer des fours et des machines de pressage avant la Seconde Guerre mondiale. Puis le plan Marshall a permis d'accélérer la mécanisation de la fabrication du verre en France, favorisant l'essor de la société. La réussite d'Arc repose sur sa capacité à offrir à bas prix aux consommateurs des verres ressemblant à ceux que fabriquent à la main les très grands manufacturiers comme Lalique et Baccarat.
La stratégie d'automatisation a été payante, car l'entreprise était en avance sur les verriers du reste du monde. Jacques Durand a créé les marques Luminarc dans les années 50 ainsi qu'Arcoroc et Arcopal dans les années 60. Il a également été le premier verrier à industrialiser le cristal en 1968. Face à une demande importante, l'entreprise était capable d'exporter dans le monde entier. Elle était la première à proposer des produits de qualité à un prix très compétitif.
Mais nos concurrents ont commencé à s'industrialiser. Nous avons pris conscience de l'importance de produire au plus proche des marchés, car les produits sont peu transportables, non pas qu'ils soient trop fragiles mais le coût du transport est très élevé – il représente 30 à 40 % du coût d'un produit livré en Thaïlande, par exemple. Il était donc impératif de régionaliser la production. C'est la raison pour laquelle nous avons commencé à investir au début des années 2000 là où se trouvent nos gros marchés, d'abord en Chine puis au Moyen-Orient.
Parallèlement, nous avons réduit les effectifs en France, en passant progressivement de 11 000 à 5 500 personnes. Cette diminution s'est faite dans le respect des valeurs sociales et humaines de la famille Durand, en évitant, autant que possible, les licenciements. Nous avons souhaité privilégier les plans de départs volontaires et aider au maximum les personnes à retrouver un emploi. Nous avons reçu le soutien des élus locaux, avec lesquels nous avons travaillé pour revitaliser le bassin d'emploi. Une trentaine de projets que nous avons soutenus ont vu le jour, représentant 1 500 emplois. Le respect du personnel qui a tant fait pour l'entreprise était pour nous un élément clé.
Ces départs nécessaires ont consommé beaucoup de trésorerie. C'est ainsi qu'a commencé l'endettement du groupe, accentué par quelques acquisitions moins profitables qu'attendu.
Il y a trois ans, l'entreprise a perdu son plus gros marché en dehors de la France, l'Iran, à cause de l'embargo économique, occasionnant un déficit de trésorerie de 50 millions d'euros par an. Depuis, la dette n'a cessé d'augmenter. Fin 2013, face à un endettement qui n'était plus supportable, nous avons décidé d'engager un processus de recherche d'investisseurs. Il a fallu une année pour trouver un partenaire qui porte un superbe projet industriel. Ce fut long et difficile, mais nous sommes heureux d'avoir trouvé des investisseurs qui, à la différence de nombreux autres, pensent d'abord au projet industriel avant la restructuration financière.