L'attitude de la France m'a surpris, voire inquiété, à trois reprises. D'abord, lorsque le Gouvernement a affirmé que la chute du régime à Damas était une question de jours ou d'heures. Actuellement, c'est plutôt une question d'années. Ensuite, lorsque nous nous sommes dits prêts à attaquer la Syrie. Nous avons finalement renoncé quand le président Obama a annoncé qu'il allait consulter le Congrès. Enfin, lorsque nous avons été pratiquement sur le pied de guerre avec l'Iran. Selon les déclarations officielles, nous devions alors envisager « toutes les options » à l'égard de ce pays, ce qui est lourd de sens en langage diplomatique.
Or, aujourd'hui, le régime de Damas tient bon. Vous contestez sans doute qu'il progresse sur le terrain, mais il n'est pas près de tomber. Comme beaucoup, notamment comme les Américains, je considère que l'on ne pourra pas retrouver la paix sans que le régime de Damas soit, d'une manière ou d'une autre, partie à la négociation, même si c'est pour organiser son retrait.
L'exécutif américain s'accorde avec l'Iran et accepte tout ce qu'il rejetait précédemment. Le Congrès refusera peut-être cette évolution, mais nous n'en sommes pas là pour le moment. En outre, même si je n'en ai pas la preuve, j'ai tendance à penser que les États-Unis ont des contacts indirects avec le régime de Damas.
En conclusion, cessons de porter des jugements de nature morale, de dire qu'il y a des « bons » et des « méchants ». On affirme que Bachar est un boucher, mais nous avons parfois traité avec des gens pires que lui ! Nous devrions méditer ce proverbe bien connu dans tous les pays du Moyen-Orient : « Baise la main que tu ne peux couper. »