Troisième observation : la biodiversité est stratégique pour les outre-mer et les outre-mer sont stratégiques pour la biodiversité. C’est une conviction que les élus d’outre-mer portent haut et fort et que je partage avec George Pau-Langevin. Cette dimension transversale irrigue les différents titres de ce projet de loi, car les territoires français d’outre-mer, qui sont les plus exposés à l’érosion de la biodiversité et aux conséquences du dérèglement climatique, sont également ceux qui concentrent 80 % de la biodiversité nationale ; ils ont donc un intérêt immédiat à sa protection et à sa valorisation.
Quatrième et dernière observation : l’enjeu économique et social de la biodiversité est immense, car il y a là un potentiel d’innovations, de création de richesses, d’activités et d’emplois ancrés dans les territoires que je crois absolument fondamental pour donner à notre pays l’élan d’une croissance qui soit à la fois verte – je l’ai dit à propos de la loi de transition énergétique –, mais aussi bleue, dimension qui vient s’ajouter, compte tenu de l’importance du milieu marin s’agissant de biodiversité.
Il suffit de voir par exemple avec quelle rapidité se développent les pratiques et les entreprises du génie écologique, secteur en croissance qui représente déjà plus d’un demi-millier de petites et moyennes entreprises et 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Et voyez quelle inspiration puisent dans la nature les chercheurs, les ingénieurs et les entrepreneurs du biomimétisme ! Selon Robert Barbault, qui fut le pionnier de l’approche écosystémique de la biodiversité, disait de la biodiversité qu’elle est une véritable bibliothèque d’innovations au sein de laquelle les bibliothèques de nos différents pays ne représenteraient même pas un bout d’étagère.
L’observation de la biodiversité est une mine de découvertes, de matériaux et de procédés innovants, de technologies d’avenir dont les exemples abondent, à condition que nous ne refermions pas ou ne gâchions pas le grand livre ouvert de la nature. Grands rapaces inspirant les ailes de nos avions modernes, bases moléculaires de la mémoire découvertes grâce à la limace de mer, molécules bénéfiques contre le cancer tirées de l’étoile de mer, bioremédiation par les plantes des sols lourdement pollués, fermetures scratch mises au point grâce aux graines de bardane, bétons légers et résistants inspirés des éponges, propriétés du derme des requins appliquées à la coque des bateaux et mille autres exemples nous montrent que l’avenir s’invente du côté de la biodiversité et que l’excellence française y est un bel atout. À nous de savoir nous saisir d’une telle ressource, tout en la protégeant et en sachant la reconquérir.