Intervention de Yannick Favennec

Séance en hémicycle du 16 mars 2015 à 16h00
Biodiversité - nomination du président du conseil d'administration de l'agence française pour la biodiversité — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission des affaires européennes, monsieur le président de la commission du développement durable, mesdames les rapporteures, mes chers collègues, permettez-moi tout d’abord d’associer à cette intervention mon collègue Bertrand Pancher, qui est habituellement le porte-parole de notre groupe sur les sujets tels que celui-ci. Il se repose encore un peu, après quelques problèmes de santé. Il devrait être de retour dès demain. Nous lui souhaitons un prompt et solide rétablissement.

Notre pays possède certainement l’un des patrimoines naturels les plus exceptionnels au monde, notamment grâce à nos territoires ultramarins, qui présentent des niveaux de biodiversité pour le moins étonnants. Ainsi, la Polynésie française regroupe, à elle seule, un cinquième des atolls de la planète ; la Guyane est située dans l’un des derniers grands massifs forestiers de la Terre ; la Nouvelle-Calédonie, quant à elle, abrite la deuxième plus grande barrière de récifs coralliens au monde ; et la liste est encore bien longue…

La France s’est déjà dotée de nombreux outils pour préserver cette richesse et la diversité de nos écosystèmes. Je pense notamment à l’une des mesures phares du Grenelle de l’environnement : la trame verte et bleue, qui nous a enfin permis de constituer un véritable réseau de continuités écologiques à la fois terrestres et aquatiques. Dès 2007, le Grenelle de l’environnement avait d’ailleurs, sous l’impulsion de Jean-Louis Borloo, placé la notion de biodiversité au coeur de ses travaux. Les conclusions du groupe de travail avaient notamment permis de créer un Observatoire national de la biodiversité, dont les indicateurs renseignent notre société sur l’état de la biodiversité dans notre pays. Ces différentes mesures ont ainsi permis à notre pays de se positionner comme un véritable précurseur sur ces questions, après avoir posé les premiers jalons en 1976 avec la loi relative à la protection de la nature.

Dans ce contexte, le groupe UDI ne pouvait qu’accueillir avec enthousiasme l’annonce faite par le Président de la République, lors de la conférence environnementale de septembre 2012, de l’imminence d’un projet de loi sur la biodiversité. Le Gouvernement avait alors promis qu’il s’agirait du « premier grand texte de protection de la nature depuis la loi de 1976 ». Il aura fallu attendre plus d’un an et demi pour que ce texte soit enfin présenté au conseil des ministres ; puis patienter encore trois mois avant de l’examiner en commission du développement durable, pour, neuf mois plus tard, le discuter dans cet hémicycle.

Cette attente aurait certainement été justifiée si nous nous apprêtions, aujourd’hui, à débattre d’un texte ambitieux et puissant pour la biodiversité. Malheureusement, nous devons nous contenter d’un ersatz de projet de loi, auquel il manque l’esprit si novateur du Grenelle de l’environnement. Nous ne cesserons pourtant de le marteler : l’heure est grave en matière d’environnement, notamment de biodiversité. Sur l’ensemble de notre territoire, près de 165 hectares de milieu naturel sont détruits chaque jour. À ce rythme, la moitié des espèces vivantes présentes dans notre pays pourrait disparaître d’ici un siècle.

En 2010, Jean-Louis Borloo avait déjà donné l’alerte au sujet de l’importance de préserver la diversité biologique, n’hésitant pas à parler d’une « sixième extinction » des espèces vivantes. Plus encore qu’un enjeu national, la biodiversité représente aujourd’hui un enjeu, un défi crucial pour notre planète, dont 60 % des écosystèmes ont été dégradés au cours des cinquante dernières années.

La France a, une nouvelle fois, un rôle à jouer dans cette prise de conscience collective, décisive pour l’avenir de notre pays. Elle a surtout l’opportunité de mobiliser, dès cette année, la communauté internationale, lors de la COP 21, qui devrait enfin permettre de fixer un nouveau cap pour le climat.

Mais, pour ce faire, notre pays doit tout d’abord montrer la voie, servir d’exemple et devenir l’ambassadeur d’un nouveau modèle de vie durable et respectueux de notre environnement. Alors que le candidat François Hollande annonçait un quinquennat résolument vert, nous n’obtenons que des petites lois au rabais, à l’instar de celle sur la transition énergétique. Or le défi qui nous attend est colossal, car il est désormais difficile d’endiguer intégralement les conséquences de l’activité humaine sur notre planète. En 1778, dans son ouvrage Les Époques de la nature, le comte de Buffon écrivait : « La face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme. » Plus de deux siècles après, en 1995, Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, faisait entrer l’humanité dans une nouvelle ère : celle de l’anthropocène, en théorisant l’influence de l’activité des hommes sur notre système terrestre.

Il ne faut pas pour autant être fataliste : le développement économique d’un pays n’est pas antinomique avec la protection de l’environnement.

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