Intervention de Chantal Berthelot

Séance en hémicycle du 16 mars 2015 à 16h00
Biodiversité - nomination du président du conseil d'administration de l'agence française pour la biodiversité — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Berthelot :

Je voudrais d’abord remercier notre président de commission, M. Chanteguet, qui a permis à Geneviève Gaillard, notre rapporteure, ainsi qu’à Viviane Le Dissez, la porte-parole de notre groupe sur ce texte, de venir en Guyane dans le cadre de la préparation de ce projet de loi sur la biodiversité. je veux l’en remercier, parce que sa sensibilité est bien réelle, sur ce dossier. Je précise qu’un représentant du groupe UMP, M. Guillaume Chevrollier, était également du voyage.

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, avec le projet de loi relatif à la biodiversité, nous allons débattre d’un sujet fondamental, vital, qui est malheureusement méconnu de nos concitoyens, et trop souvent absent des débats publics.

La nation française, qui est présente sur plusieurs continents, océans et zones bioclimatiques, dispose d’un patrimoine biologique, terrestre et maritime exceptionnel.

Face à l’accélération, au cours des dernières décennies, de la dégradation de ce patrimoine national, du pillage de nos ressources et de la spoliation des savoirs traditionnels de nos populations, notre pays se devait de se doter d’une législation adaptée.

Le projet de loi relatif à la biodiversité est une première réponse à cette impérieuse nécessité. Il introduit, en droit interne, le dispositif « Accès et partage des avantages » ou APA, acté par le protocole de Nagoya, signé par la France en 2011. Ce dispositif, défini au titre IV du présent texte, reconnaît et réglemente les conditions d’accès aux ressources génétiques et aux savoirs traditionnels détenus par les communautés d’habitants. Il établit un partage juste et équitable des avantages financiers qui pourraient en découler. Nous aurons l’occasion d’y revenir au cours de nos débats.

Ce texte consacre par ailleurs le caractère dynamique de la biodiversité et introduit le principe de solidarité écologique, soulignant ainsi l’interdépendance entre la diversité biologique et les sociétés humaines.

Il place également la connaissance, ou plus exactement le besoin de connaissance, au rang d’action d’intérêt général, essentielle à l’atteinte des objectifs que se fixe ce texte.

Mais les grands principes ne valent que dans leur mise en cohérence et dans leur application concrète, que doit assurer une bonne gouvernance de la biodiversité. C’est l’objet de l’Agence française pour la biodiversité. Elle mobilisera les moyens nécessaires aux politiques publiques en matière de biodiversité et améliorera la diffusion et la valorisation de la connaissance en sensibilisant nos concitoyens et en améliorant la formation des acteurs.

Afin d’être parfaitement efficiente et opérationnelle, l’Agence française pour la biodiversité se doit de refléter l’ensemble de la biodiversité nationale. Madame la ministre, je sais que nous pouvons compter sur vous, que vous irez dans ce sens, et je tiens à saluer ce choix.

La Guyane doit prendre toute sa place et sa visibilité sur la scène nationale et internationale, compte tenu des enjeux que représentent le développement durable, la préservation des ressources, la sauvegarde et la valorisation de la biodiversité.

Cela a été dit par nos collègues, une grande partie de notre biodiversité, objet de nos débats, se situe en Guyane. L’apport de la forêt guyanaise dans le bilan carbone de la France nous permet, mes chers collègues, de ne pas être déficitaires. Il est estimé à 150 millions d’euros par an.

La croissance démographique exponentielle à l’oeuvre en Guyane, mais aussi les manques en termes de développement social et économique, nous imposent de définir une stratégie de développement endogène et durable, au service des générations présentes et futures. Nous devons trouver un équilibre qui prenne en compte la biodiversité tout en répondant à nos besoins alimentaires et énergétiques.

Nous devons également nous donner les moyens de la connaissance, de la préservation et de la valorisation, par et pour notre jeunesse, de notre patrimoine naturel. L’université de Guyane doit offrir à nos jeunes l’opportunité de devenir les acteurs de demain. Madame la ministre, vous avez parlé d’éducation : je suis totalement en phase avec vous.

Préserver la biodiversité, c’est donc préserver l’environnement dans lequel elle s’invente et se réinvente chaque jour. C’est continuer à combattre le fléau que représentent l’orpaillage illégal et la pêche illicite. C’est aussi et surtout reconnaître les droits de ceux qui oeuvrent, depuis des siècles, pour la préservation et la valorisation de cette biodiversité : communautés autochtones, communautés d’habitants, communautés locales…Nous sommes tous unanimes pour saluer l’action qu’elles mènent pour conserver, développer et transmettre aux générations futures leurs terroirs et leurs savoirs ancestraux, qui constituent leur identité et, plus encore, l’histoire de l’humanité, notre histoire.

Ce n’est donc pas seulement la nature en soi que nous devons protéger, cela ne suffit pas. Ce qu’il faut protéger, c’est la possibilité pour toutes les différences d’exister… Ainsi, du nouveau peut apparaître et nous surprendre, nous questionner, nous améliorer.

Il nous faut protéger et valoriser nos différents modèles de société, encore présents sur notre territoire. Il s’agit d’une source d’inspiration, à l’heure du changement climatique et du risque d’impasse auquel nous avons à faire face. Il s’agit d’une écologie culturelle et identitaire que nous devons considérer comme une garantie pour l’avenir, mais aussi comme un bien commun pour les générations futures.

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