Intervention de Maud Olivier

Réunion du 28 novembre 2012 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Olivier :

Je tiens à vous féliciter, madame la ministre, pour ce programme d'actions riche et ambitieux, qui répond à de fortes attentes. Il était important de prendre des mesures. Restera à veiller qu'elles soient appliquées.

Au conseil général de l'Essonne, où nous sommes très engagés dans la lutte contre les discriminations et où nous nous sommes d'ailleurs distingués en accordant à une personne qui s'était ouvertement déclarée homosexuelle son agrément pour adopter un enfant, nous avions rédigé un flyer sur les discriminations dans lequel était abordé le sujet de l'homoparentalité. L'Éducation nationale a refusé que ce flyer soit distribué dans les collèges au motif que l'homoparentalité n'était pas reconnue par la loi. Ne faudrait-il donc rien dire à nos jeunes de cette problématique ? Est-ce par le silence que nous ouvrirons les esprits ?

En association avec l'ensemble des associations LGBT, nous avons également dans l'Essonne mis en place un observatoire des discriminations, lequel, soit dit au passage, travaille aussi sur l'égalité femmes-hommes. Il est important en effet de pouvoir se fonder sur des données précises, quantitatives et qualitatives. Nous compléterons notre plan de lutte contre les discriminations sur la base des relevés de cet observatoire. Nous faisons aussi du « testing », pour l'accès au logement par exemple. Nous sommes heureux de savoir qu'une action analogue à celle que nous menions depuis longtemps sur le plan local sera maintenant déployée au niveau national.

Il faut encourager les études sur le genre. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche incite les universités à mettre au point des licences comportant au moins deux modules obligatoires sur le genre. Et dès 2013, l'approche de genre sera explicitement intégrée dans les appels d'offres de l'Agence nationale de la recherche. Les enseignants, de la maternelle à l'université, devront être mieux formés au genre. En effet, le genre n'est pas une notion toujours bien comprise, comme on a pu le constater dans certains débats ici même. Un effort de pédagogie est donc nécessaire.

J'aborderai enfin un sujet qui n'est pas directement lié au présent programme d'actions. Il serait urgent d'instaurer la parité dans les instances de décision du sport. Il y a très peu de femmes aux niveaux supérieurs d'encadrement et de responsabilité dans le domaine sportif. Sur 111 fédérations sportives, seules 11 ont une femme à leur tête et aucune femme ne dirige l'une des 31 fédérations du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Celui-ci avait pourtant adopté il y a quelques années, une charte sur la lutte contre les discriminations, visiblement restée au stade de voeu pieux. Les inégalités sociales pèsent lourdement dans l'accès des filles au sport : seules 32 % des filles originaires d'une zone d'éducation prioritaire (ZEP) pratiquent un sport en club contre 80 % dans les classes moyennes et supérieures. Puisque l'égalité ne progresse jamais d'elle-même, pour remédier à cette situation, il convient de donner toute leur place aux femmes dans l'encadrement sportif, aux postes administratifs et techniques, mais aussi pour évaluer les besoins et les attentes des femmes qui doivent être pris en compte dans la définition des politiques sportives. Pourrez-vous insister auprès de votre collègue ministre des sports, si jamais celle-ci n'en était pas déjà convaincue, ce que je ne crois pas, sur la nécessité de parvenir à la parité dans les instances dirigeantes sportives ?

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