Je serai prudent dans ce que je vais dire. En effet, le « flicage » de la pensée et des propos sur ces sujets incite à la prudence.
Dans son esprit et sa philosophie, ce programme d'actions propose rien moins que d'introduire définitivement dans notre société la théorie du genre. Or, cela mériterait un débat. Cette idéologie, fondée sur le déni de l'altérité sexuelle pour construire un individu nouveau, déconnecté de toute appartenance à un sexe, se propage depuis quelques années dans notre pays. Enseignée d'abord à Sciences Po, cette théorie s'est ensuite diffusée dans les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) des classes de première – nous avions eu l'occasion d'aborder ce sujet lors de la précédente législature – et infuse désormais toute notre société. J'en veux pour preuve une exposition qui va débuter prochainement au Forum départemental des sciences de Villeneuve d'Ascq où des filles et garçons de trois à six ans seront invités à « faire des choix selon leurs envies et leur potentialités sans se sentir déterminés par leur sexe », ou bien encore l'intitulé d'un programme de formation à l'intention de professionnels de la petite enfance : « Éduquer sans les lunettes du genre : un défi à relever pour les milieux de la petite enfance ». Le projet de loi relatif au mariage pour tous y fait écho également puisqu'on y revendique le caractère prétendument interchangeable de l'homme et de la femme.
Si toute lutte contre les discriminations fait a priori l'unanimité, ce ne doit pas être un prétexte pour généraliser cette théorie du genre. Celle-ci ne présente aucun caractère scientifique. C'est une construction intellectuelle idéologique. On ne saurait bouleverser ainsi notre société en agissant en catimini ou en passant en force. Nos concitoyens doivent savoir ce que contient cette idéologie et à quoi elle conduirait. Afin que toute la lumière soit faite, nous allons proposer la création d'une commission d'enquête sur le développement de la théorie du genre en France. La pédagogie sur ces questions ne peut être à sens unique : nous demandons un véritable débat. Êtes-vous disposée, madame la ministre, à travailler avec la représentation nationale ? Soutiendrez-vous notre demande d'une commission d'enquête ou, comme sur le mariage homosexuel, passerez-vous en force ?