Notre amendement, que je présente conjointement avec Delphine Batho, vise à interdire l’usage des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes à compter du 1er janvier 2016.
Sur le plan scientifique, pas une semaine ne se passe sans qu’un article ne paraisse dans la presse scientifique internationale et dans les plus prestigieuses revues à comité de lecture dénonçant l’effet neurotoxique des néonicotinoïdes.
Pas une semaine, monsieur Herth, sans que des preuves scientifiques ne soient apportées non seulement à la suite d’observations réalisées – comme lors de l’interdiction du Poncho, dont la première utilisation, dans le Bade-Wurtemberg, avait entraîné la destruction de 11 000 ruches et de 50 milliards d’abeilles d’un seul coup –, mais aussi parce que nous connaissons désormais scientifiquement le mécanisme d’action de ces produits.
Autre remarque : le succès commercial de ces néonicotinoïdes est mondial, puisque cette famille représente un tiers du marché planétaire.
Et l’on comprend pourquoi : ces produits ont d’énormes qualités neurotoxiques, si j’ose dire. Ils sont systémiques, c’est-à-dire qu’ils envahissent toute la plante, laquelle les transmet à travers le pollen, ce qui atteint les insectes pollinisateurs – pas seulement les abeilles, mais aussi les papillons.
Ils sont également solubles dans l’eau. Lorsqu’ils sont introduits par épandage, 80 % d’entre eux s’infiltrent dans le sol où ils persistent plus de mille jours, s’attaquant aux arthropodes, mais aussi aux vers. Les eaux de ruissellement les entraînent ensuite dans les milieux aquatiques où ils s’attaquent aux arthropodes aquatiques, lesquels sont consommés par les poissons et les oiseaux, ce qui fait que ces produits se retrouvent bien entendu dans la chaîne alimentaire.
Enfin, ils ont une qualité extraordinaire : ils sont de cinq mille à dix mille fois plus neurotoxiques que le DDT – produit qui, je le rappelle, est interdit.
Voilà pourquoi leur succès commercial est important mais voilà pourquoi aussi, mes chers collègues, nous ne faisons pas un seul repas sans en consommer nous-mêmes, tous les jours.
La portée de notre amendement est vaste, puisqu’il vise toute la famille des néonicotinoïdes.
L’industrie – je parle en ce moment devant un aréopage d’experts en la matière – a retenu les leçons de la retraite de Russie : après une « morne plaine », une autre « morne plaine », après le retrait du marché d’un néonicotinoïde, un autre apparaît, petit-cousin de l’autre.