Monsieur le commissaire, je ne sais si je dois vous féliciter ou vous présenter mes condoléances, car je crains fort que vous ne vous soyez assigné une mission impossible.
Vous avez évoqué une reprise économique. Soyons sérieux ! Celle-ci est franchement minime. L'Espagne et le Portugal ne sont parvenus qu'à améliorer légèrement leurs exportations moyennant une baisse drastique des coûts du travail. Quant à l'Italie, son PIB n'a pas retrouvé son niveau de 2007. Par ailleurs, la baisse réelle de l'euro est, non pas de 20 %, mais de 4 % ; c'est le dollar qui s'est renchéri. Le plan Juncker, dont on nous rebat les oreilles, représente à peine 1 % du PIB européen : il est illusoire de croire que c'est ainsi que l'on relancera la croissance, surtout si la purge actuelle se poursuit ! En effet, selon Olivier Blanchard, lorsqu'on réduit la dépense publique de 100, la baisse du PIB n'est pas de 0,5 point mais de 1,6 point. Pourquoi donc campe-t-on sur une analyse macro-économique fausse, digne d'un comptable de café du commerce ?
Quant à la Grèce, regardons la réalité en face : elle ne peut pas s'en sortir ! Je vous félicite d'avoir proposé un report de l'échéance de quatre mois, mais nous sommes dans une impasse et, dans quatre mois, vous en serez au même point qu'hier. Il n'y a pas d'autre solution pour la Grèce qu'une sortie de l'euro. Celui-ci est une machine infernale qui cassera l'Europe. Les Allemands, notamment les économistes, sont d'une agressivité folle vis-à-vis des autres pays et, au lieu d'une sortie responsable et raisonnée, nous assisterons à une sortie panique, qui provoquera un choc systémique.
J'attends néanmoins de l'Europe qu'elle aboutisse à un accord, non pas sur les taux de TVA – ce serait une faute –, mais sur l'impôt sur les sociétés. Ce serait une véritable avancée. Quoi qu'il en soit, je vous souhaite bon courage !