Madame la secrétaire d’État, ma question n’était en rien polémique – je le dis pour la personne qui a rédigé la réponse, car je sais que ce n’est pas votre spécialité. Vos services n’ont pas compris le problème. Certes, les jeunes qui font le choix de l’expatriation ne participent pas à la solidarité générationnelle, mais ils ne la demandent pas non plus. J’ajoute que les expatriés ont souvent une moindre couverture sociale et santé, ainsi qu’en matière de chômage. Par ailleurs, ceux qui voudraient rentrer, parfois au bout de dix ans, ont fréquemment une grande qualité intellectuelle – ainsi, à Hong Kong, les Français sont les deuxièmes à créer des start-up. Mais ils se trouvent devant le calcul suivant : « J’ai épargné tant, et en plus, si je rentre en France, on va me taxer. Je vais être complètement pénalisé parce qu’on va me fiscaliser ce que j’aurai épargné pour ma retraite. » C’est pourquoi ils ne reviennent pas.
Je rappelle que quand vous ou moi épargnons pour notre retraite, nous ne sommes pas imposés sur le moment. Il faut sortir du prisme idéologique et trouver une solution pour que ces gens aient envie de revenir en France, de façon à ce que notre pays puisse bénéficier de leur capital intellectuel. Si la première chose qu’on leur dit après qu’ils ont épargné dix ou quinze ans à l’étranger, voire plus, c’est qu’on va fiscaliser leur épargne alors qu’ils ont fait le choix de ne pas bénéficier du système français, ils ne reviennent jamais. C’est un cercle vicieux. Gauche et droite, on devrait s’entendre pour en sortir car il faut favoriser la navette des talents.