Intervention de Francis Duseux

Réunion du 25 mars 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières :

Nous constatons tous que les vieux moteurs diesel polluent, en particulier ceux qui ont entre dix et quatorze ans, ce dernier chiffre correspondant à la durée de vie d'un parc automobile. En revanche, le problème des émissions de particules a été résolu sur les nouveaux véhicules diesel, qui respectent les normes européennes, très strictes en la matière. Les normes Euro 6 sont entrées en vigueur récemment. Les patrons de PSA et de Renault l'ont dit très clairement : actuellement, les moteurs diesel ne sont pas plus nocifs que les moteurs à essence, ce que confirme la Commission européenne sur la base de plusieurs études.

Néanmoins, les filtres à particules pour véhicules diesel coûtent entre 3 000 et 4 000 euros, prix que peut accepter de mettre l'acheteur d'une grosse Mercedes, mais guère celui d'une Clio. Dans ce contexte, nous assistons, depuis le début de l'année, à une inversion de tendance, selon nous durable : les Français achètent de plus en plus de petits modèles équipés d'un moteur à essence. Nous nous dirigeons d'ailleurs vers des moteurs à essence qui consomment de moins en moins : 4 litres aux 100 kilomètres aujourd'hui, peut-être 3 litres demain, l'objectif étant de parvenir à terme à 2 litres, ce qui soulève toutefois le problème du poids du véhicule, difficile à résoudre sur le plan technologique.

Parallèlement, les véhicules électriques se développent pour le trafic intra-urbain. Cependant, à ce stade, le moteur thermique reste indispensable pour parcourir de grandes distances, par exemple entre Paris et le sud de la France, car l'autonomie des voitures électriques reste limitée : 150 kilomètres aujourd'hui, peut-être 300 demains. En outre, il faudra sans doute beaucoup de temps pour installer les bornes de rechargement sur l'ensemble du territoire. En réalité, l'avenir est au véhicule hybride rechargeable, qui combine les avantages du moteur électrique pour le trafic intra-urbain et ceux du moteur thermique pour les distances plus importantes. Selon nos estimations, seuls 5 % des véhicules circulant en Europe seront électriques à l'horizon 2030, mais 50 % seront hybrides. Certes, les voitures hybrides demeurent relativement chères – 4 000 à 5 000 euros de plus que leurs concurrents –, mais faisons confiance aux ingénieurs : grâce aux évolutions technologiques, les coûts vont baisser.

En revanche, compte tenu de l'état actuel de la technologie, le transport routier devrait continuer à être assuré par des camions diesel au moins dans les vingt prochaines années. Or la croissance économique induit généralement une hausse de la demande de transport par camion. Compte tenu de la reprise de l'économie mondiale, la consommation de gazole va donc augmenter. Et, selon les hypothèses actuelles, le transport par poids lourds restera un fait majeur en France et en Europe.

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