Les industriels du pétrole estiment qu'il faut consommer moins et mieux, mais qu'il ne faut pas opposer les énergies entre elles : nous avons besoin de toutes les énergies. N'oublions pas les prévisions établies non pas par les compagnies pétrolières, mais par les experts : à l'horizon 2040, la consommation mondiale de pétrole augmentera de 25 % pour représenter 32 % de la consommation totale d'énergie ; celle de gaz s'accroîtra de 75 % pour peser 26 % de l'ensemble ; quant à la part du charbon, elle restera stable, à 20 %. Globalement, les énergies fossiles continueront donc à couvrir 80 % des besoins en énergie.
Cela pose en effet un problème de protection de l'environnement. Mais – heureusement ! – les progrès technologiques ont été énormes en matière d'efficacité énergétique. Si tel n'avait pas été le cas, la consommation d'hydrocarbures serait encore deux à trois fois supérieure. Dans les années 1870, le principal problème du préfet de police de Paris était la quantité de crottin de cheval qui s'accumulait dans les rues. Extrapolant à partir de la situation qu'il connaissait, il craignait que la ville ne soit bientôt noyée sous le crottin. Or l'automobile est arrivée ! À titre personnel, je crois que la technologie bouleversera les chiffres que j'ai cités. En attendant, il faut tenir compte des réalités. Rappelons que la concentration en énergie dans un litre d'essence reste inégalée.
D'autre part, les investissements nécessaires pour satisfaire les besoins de la planète en énergie dans les trente ans qui viennent s'élèvent à 1 500 milliards de dollars par an, dont 700 milliards pour le pétrole. Si l'on croit au progrès économique et que l'on veut maintenir notre mode de vie, il va donc falloir dégager des moyens financiers considérables.
Quel est le « juste prix » du pétrole ? Du point de vue économique, dans la mesure où il y a un équilibre entre l'offre et la demande, il s'agit du coût marginal de la couche la plus chère à produire.