Ma question s’adresse à Mme la ministre de santé et j’y associe Yannick Moreau.
Cette semaine, madame la ministre, vous allez lever un tabou : celui de l’interdiction d’injection de drogue par intraveineuse. Avec la fausse bonne idée des salles de shoot, vous rompez le consensus des politiques contre les toxicomanies menées par tous les gouvernements successifs.
En autorisant l’intoxication médicalement assistée, vous légitimez et banalisez l’usage de drogue dispensée sous supervision de l’État, premier pas vers la légalisation. En levant l’interdit, en négligeant le sevrage, seul objectif médical acceptable, vous adressez un message contradictoire aux thérapeutes et aux familles comme aux milliers d’usagers qui cherchent à rompre avec leur addiction, alors que vous luttez si sévèrement contre le tabac.
N’est-ce pas un ancien ministre de l’intérieur, aujourd’hui Premier ministre, qui affirmait qu’en matière de lutte contre la drogue, les interdits sont essentiels ?
Par idéologie, vous sapez les fondements d’une politique de désintoxication et de réduction des risques qui a divisé par cinq les décès par overdose – cinq fois moins qu’en Allemagne, pays des salles de shoot ! – et par quatre les contaminations par le VIH, avec une consommation d’héroïne quatre fois moins élevée qu’en Suisse – autre pays des salles de shoot.
Outrepassant la censure du Conseil d’État, vous ignorez les condamnations des Académies de médecine et de pharmacie, de l’Ordre des médecins, des Nations unies et des riverains du Xe arrondissement, où la Mairie de Paris ouvrira la première salle.
Consacrez plutôt le million alloué à chaque salle de shoot à ouvrir des lits d’addictologie, des appartements et des communautés thérapeutiques